Un troisième jour qui s'annonce pas facile. Itinéraire en partie hors sentier, pas mal de dénivelé. Deux possibilités de ravitaillement aujourd'hui, il faudra ensuite tenir 48h. Le premier épicier me donne de l'eau et m'offre du pain. Le plein est fait, je n'ai rien acheté. Je lui demande quand même Coca et biscuits. C'est maintenant l'heure chaude, je fais le choix d'avancer. Pas vite. Une pause toutes les demi-heures, refroidir les pieds, soulager les épaules. 10 km jusqu'au prochain village, quatre heures de marche.
1800m d'altitude, les maisons sont accrochées à la pente. Chez l'épicier, toujours le même scénario : biscuits et soda pour tout de suite, pain et eau pour plus tard. Toujours pas d'eau à vendre, pas de pain non plus. Le petit moustachu m'assure la haute qualité de l'eau du village et qu'il me donnera du pain maison en passant par chez lui. Vu d'ici, suivre la vallée (mon itinéraire prévu) me semble bien fastidieux. Je me vois déjà longer la crête, plus direct, plus panoramique. Sans doute un chemin de berger existe-t-il jusqu'au sommet. J'aborde la question avec le commerçant. Ni une ni deux, il appelle deux de ses fils : le petit ira remplir mes bouteilles, le grand m'accompagnera dans la montagne, portera les bouteilles et le pain cuit par madame. Un voyage organisé, si on peut dire... Le petit lutin, Reda, m'accompagne donc jusqu'à un promontoire à plus de 2200m d'altitude. J'y dormirai, il y a un peu de bois. Journée difficile, mort de fatigue mais tellement vivant. En m'endormant, j'entends des voix. Deux voix. je reconnais celle de Reda. Un autre bonhomme est au téléphone. Il me dit vouloir voir mon passeport, je lui répond par la même requête, j'aimerais voir le sien. Embarrassé, il tourne autour de la tente. J'ai sommeil et envie d'en finir avec ces formalités d'altitude peu orthodoxes.
Je lui montre mon sésame. Les lutins disparaissent. La Terre est un hôtel. Mais on y montre ses papiers.
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