Au matin, il ne reste qu'une bouteille d'eau. Hier, nous avons croisé un relais telecom. Nous ne nous sommes pas arrêtés. J'ai encore confiance. Un " bâtiment remarquable " est noté sur mon road book maison, dans quelques kilomètres. Nous approchons. Un autre relais telecom. Pas d'électricité ici. Pas de panneau solaire en vue. Le poste est donc alimenté grâce à un groupe électrogène, lui-même rempli de carburant par un gardien qui vit là. Le bonhomme n'est pas bavard, il nous dit ne pas avoir d'eau. Impossible. Pas d'être humain sans eau. Il nous faut insister. La tablette de Milka qu'on lui propose en échange ne suffira pas à le faire sourire, encore moins à régler un léger problème de consanguinité. Mais nous avons le précieux liquide, carburant du marcheur sous le soleil. Maintenant nous devons avancer. L'avion qui ramènera Rémy en France n'attendra pas. Il décollera demain de Marrakech à 19h. Nous sommes à 40km de Lalla Aziza, le village synonyme de la fin de cette promenade. Il nous reste un peu plus de 24h pour l'atteindre. Nous passons côté Nord à 2650m d'altitude. le changement est radical. L'eau coule en abondance. Les bords de la rivière sont même spongieux. Et le plaisir simple de pouvoir s'abreuver sans limite... Changement d'aiguillage pour la fin d'après midi. La piste, on connaît. Essayons donc ce chemin muletier qui semble enchanteur.Très vite, c'est un régal. Vertigineux. Et bien que la pente s'approche des 50%, l' homme s'est installé ici, apprivoisant l'extrême verticalité des lieux. Seule l'eau semble être LA condition à la vie. Une centaine de maisons faites de pierres et de terre. Peut être un millier de personnes accrochés à la montagne à la limite de l' apesanteur...
Le petit air frais qui nous sèche alors les tempes annonce un changement, nous allons repasser côté ubac. Et là, surprise sonore et visuelle : le ballet des bulldozers qui grignotent les cailloux pour faire naître une piste. Evidemment, nous passons vite notre chemin mais l'ambiance "ubac" reste de mise. il y a du vent et les nuages enlacent les sommets. Lalla Aziza est en vue et c'est au bout de 35km que notre "plateau à bivouac" nous est offert. Les tendons sifflent, il était temps.
Encore un repas de rois. Quelques gouttes de pluie sèche pour animer la soirée. Comme à l'accoutumée une sacrée soirée. La dernière soirée.
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