Ma semaine sans goudron se termine. Le ruban noir est en vue. Une dernière descente bien périlleuse pour rejoindre le village et voilà! Maintenant, l'agréable sentiment du travail accompli. Même si ce n'était qu'un petit boulot, une courte mission d'intérim. Nous savourons cette satisfaction tout en nous disant qu'il n'y a pas foule par le pays comme on dit en Auvergne. L'épicier nous informe qu'il n'y a ici que deux propriétaires d'automobiles. Et qu'ils sont déjà partis. Du coup, nous repartons, penauds, à pied. Et le premier kilomètre imprévu n'a pas franchement le goût du bonheur. En randonnant nous sommes redevenus animaux, cessant de nous projeter. Nous avons par contre scénariser l'arrivée en bons homos sapiens. Ne dit-on pas l'erreur est humaine? L'erreur n'existe pas dans la Nature. L'homme fait il donc parti de la Nature? Ou bien l'homme est-il erreur? Voilà le genre de réflexions qui prennent vie quand la marche devient "forcée" . Le cerveau humain ne supporte pas la contrariété.
Mais la bonne étoile du pèlerin romantique n'a pas dit son dernier mot et Mr Toyota pointe le bout de son pare-choc. On lui barre la route, seule garantie d'une éventuelle négociation. Son itinéraire n' est pas très clair, mais il ne peut que rejoindre un axe plus important. J'ai confiance. Nous montons à bord. Le plateau du pick-up est un tapis de gasoil. Nous partageons l'espace avec les bidons vides et trois schtroumpfs qui vont à l'école. Au démarrage, j'ai déjà analysé la conduite du chauffeur, notre homme est un pilote. J'ai pas confiance. A la première perte d'adhérence dans un virage, je réalise que notre Sébastien Loeb ne tient pas que le volant entre ses mains. Nos vies s'y trouvent aussi. Grâce à l'air terrifié de mon camarade Rémy et bien que clairement menacé de mort, j'arrive à maintenir un afflux sanguin stable pour consulter mon GPS et vérifier qu'au moins, on meurt sur la bonne route... La bonne étoile du pèlerin...qui disparaît à la vue d'un véhicule... Le supplice se termine quand ce pirate stoppe l'engin au milieu de la chaussée et laisse la place à son collègue passager. Repose toi mon ami, nous nous reposerons. Dur retour à la civilisation. Après, c'est attendre un bus qui passera mais ne s'arrêtera pas. Prendre un grand taxi bondé. Arriver à Marrakech après deux heures de somnolence, tordu dans une étuve. Donner l'accolade réglementaire à son compagnon de chemin qui volera bientôt vers Paris. Se retrouver sonné, devant le Mc Do. Vivement bientôt.
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