Voilà le récit d'une journée un peu spéciale.Qui dit journée spéciale dit article spécial.Hors série donc. Réveil en bord de lagune, paradisiaque.Laisse présager du meilleur.Petite pause après 1h30 de marche.Un spot à camping cars comme il y en a beaucoup autour de Dakhla.Pêcheurs et kite-surfeurs.Je dépose mon chariot à côté d'un appartement mobile du Lot et Garonne.Echange quelques mots, explique mon projet, dis d'où je viens.Leur courtoisie s'en tiendra là.Pas de café ni de boisson fraîche...l'hospitalité à la française.Je continue de marcher.Les routiers me saluent, lèvent le pouce pour m'encourager.Ceux là mêmes qui, ne prenant pas le temps de s'arrêter, remplissent et jettent des bouteilles de pisse par la fenêtre.Tout le bord de la route en est jonché.Et on les balance une fois pleines.Au moins quatre ou cinq pisses par bouteille.Etrange coutume. Une voiture de police me double et fait demi-tour.Le chef en 4x4 rutilant me demande où je vais : - " Boujdour" - "Tu devrais prendre un taxi" - " Mon truc à moi c'est de marcher" Il rigole puis continue sa route, moi la mienne. 1h plus tard , approchant du PK 40 (point kilomètre à 40 km de Dakhla) un autre gendarme en R19 moisie s'arrête à mon niveau. Il a l'ordre de me faire monter dans une voiture pour Boujdour.J'essaie de négocier, rien à faire...Après le PK40 la zone est dite non sécurisée jusqu'à Laayoune .Le retraités en camping-cars restent parfois une semaine dans cette zone déserte pour pêcher... On connait la souplesse d'esprit des militaires quand il s'agit d'ordres qui viennent d'en haut.J'obtempère. En démontant un bout de carriole,on sympathise, il apprécie mon arabe débutant.Nous voilà au point de contrôle.Au milieu de nulle part, 4 murs : le local de la gendarmerie.On attend, quoi, je ne sais pas. C'est l'heure de la gamelle, un tajine de chameau arrive de la station d'à côté, je suis invité à le partager dans la cahutte.Un gendarme en poste me fait venir en plein repas.La voiture est arrivée.Une blague!Une Renault Express hors d'âge.Un jeune et son petit frère.Lui gagne sa journée en trimbalant le gaori (touriste), moi la mienne en me faisant sucrer les 300 km qui me séparaient de Boujdour. Pas un mot de français pour eux.Mime et conduite ne faisant pas bon ménage, je m'en tiens aux civilités. 200 m après une station, on s'arrête pour...faire le plein!Le copain sort un jerricane du coffre : étrange coutume à nouveau... La voiture ne redémarre pas.Je crois à un signe du destin et pense à prendre mes affaires pour leur fausser compagnie.Mais quelles conséquences pour mon chauffeur missionné par les autorités?Dans le doute,je l'aide à pousser la limousine.Marche pas.On ouvre le capot, lui regarde la batterie défaillante, moi la bombe aérosol qui traîne au milieu du moteur...Cette caisse à savon n'est pas non plus une zone sécurisée...On repousse, ça remarche. Enfin, Boujdour.Dernier contrôle de police.Mon gentil accompagnateur se fait prendre la tête.Je remplis une fiche de police avec le chef dans le café qui leur sert de base arrière.L'express redémarre et s'en va... Me voilà en ville, 300 km trop loin.Parce que j'ai obéi à l'ordre de celui qui a reçu l'ordre.Il me faudra mieux négocier la prochaine fois.



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À pied


En voiture