Marcher ne se décrit pas. Les brefs articles de ce journal de bord tournent en cercles concentriques autour de ce que nous passons nos journées à faire, tentent de s’en rapprocher, mais ne peuvent raconter que ce qui entoure et habille la marche : les paysages, les bivouacs, le nombre de kilomètres parcourus. Ils peignent le décor dans lequel nous avançons lentement mais ne peuvent évoquer que par ricochets les heures, brèves ou longues, délicieuses ou douloureuses, passées à traverser une vallée ou à rejoindre un col de montagne, la respiration qui se cale sur les pas, les pensées qui se perdent dans les paysages. La lecture de ce blog, dans son ensemble et sa durée, se rapprochera peut-être de ce que vit chaque jour Raphaël : chaque article comme un pas, forcément semblable au précédent, fatalement différent aussi. Une progression parfois lente, parfois bousculée, une allure qui se met en place.

Bivouac sur une terrasse surplombant un grand oued asséché (les oueds semblent être tous, toujours à sec ici). Ceux qui nous accueillent sur leur terrain nous offrent du bois pour le feu, du pain, des cigarettes, nous renseignent sur les itinéraires. Pendant que je suis parti acheter de la viande avec Bruno au souk, Raf se fade le propriétaire des lieux qui non seulement bégaye, mais le fait exactement comme le personnage de Porcinet dans Winnie l’Ourson.

Changement de ton demain : nous savons que la journée sera dure, que les pentes seront raides. L’ascension commence.


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