Les jours ont filé. Les distances indiquées par la carte Michelin s’avèrent totalement erronées et nous devons être de retour mardi : Raphaël doit préparer la suite, j’ai des amis datant de ma vie marocaine d'avant à revoir, l’avion qui nous emmènera, Bruno et moi, en Thaïlande, décolle jeudi. Nous montons des cols pour les redescendre, traverser des vallées et gravir à nouveau la montagne. A vol d’oiseau la progression est lente. Il y a quelques mois une amie d’amis, à qui je racontais mon goût pour la marche, m’avait expliqué ne vraiment pas le comprendre. « Monter pour redescendre, je ne vois pas l’intérêt. » Elle avait raison, nous ne marchons pas par intérêt.

Bivouac au froid à 60 kilomètres d’Aît Baha que nous devons avoir rallié le surlendemain. Un homme arrive, me tend son téléphone. Au bout de la ligne le caïd du village qui voudrait user de son pouvoir pour nous interdire de camper là où nous sommes. Je refuse poliment de lever le camp comme on refuserait en remerciant une deuxième part de gâteau : "non merci, c'est vraiment gentil, mais non". Le caïd veut bien donner des ordres, mais pas au point d’avoir à se déplacer, ce qui sera le cas s’il veut vraiment que nous partions. Il finit par me dire « d’accord » et me raccroche au nez. Il a sauvé la face : il a eu le dernier mot. Je le lui laisse bien volontiers.

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