Me voilà bien motivé pour couvrir les 275 km jusqu'à Sanguësa, qui sera ma dernière étape espagnole. C'est maintenant décidé. Quitter Molina ne me déplait pas non plus...Aujourd'hui, du plat, et toujours en altitude. Et le plat, propice aux cultures. La pluie n'est pas loin. J'essaie de lire la course des nuages gorgés d'eau. Plutôt que de foncer dessus, je n'hésite pas à m'arrêter pour éviter la radée. Près d'un paysan qui garde ses brebis. Pas de dimanche pour les moutons. Je passe brillamment la première épreuve, mon bonjour étant suivi d'une réponse, bien que peu avenante. Mais la suite sera silencieuse. Mes questions ne déclencheront tout au plus qu'un hochement de tête ou un mouvement de paupière. Puis, j'assiste à la minéralisation progressive de ce corps pourtant humain. Il ne dira plus mot. Impuissant, je le laisse à son hypnose ovine. Et m'en vais trouver un coin, pour moi aussi ne plus bouger pendant une dizaine d'heures. Un orage gronde au loin. J'espère tomber sur un abri, cabane ou ruine. Chose faite peu de temps après. Une maisonnette en dur, ouverte d'un côté, au milieu d'un champ. En parfait état. Apparemment idéale pour la chasse à la perdrix puisque j'y découvre cartouches et vin rouge. Encore la pluie. puis l'éclaircie. Et enfin, la pleine lune.

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