Ce sera une journée sans effort si on peut dire. Pas 15kg sur mon dos. Pas de souci avec l'orientation. Quand même 27km, quand même 1700m de dénivelé. Départ à la frontale à 6h15 en compagnie de mes amis muletiers.

Je suis la voiture balai du convoi. Et je peux étudier la belle machine qu'est le sabot de mulet tandis qu' à dos d'équidé se joue le debriefing du match de foot de la veille. Nous atteignons le premier col à plus de 2385m d'altitude aux premiers rayons du soleil. Mes congénères descendent pour la première fois de leur monture. Les animaux s'abreuvent, pas leurs propriétaires. Je bois car je ne suis pas cavalier. Aujourd'hui, sans mon bât, je suis une sauterelle, touchée par le ravissement. L'apesanteur mentale. Le rêve éveillé. Peut être la récompense des efforts de la veille. J' archive évidemment le tracé de cette randonnée. Je papote avec Brahim, le chef de la troupe. Il y a des gîtes dans le coin, mais pas de panneaux, il faut connaître... Nous descendons jusqu'à l'oued. Vallée d'Azzagen parallèle à celle d'Imlil. De Ouirgane à Tizi Oussem. Enorme. Nous remontons pour atteindre la piste. Village d'Ait Aissa. Pause épicerie avant d'attaquer la deuxième étape de montagne par le chemin muletier. La mule de Brahim a 25 ans et ne tarde pas à tomber en panne sèche. La langue pendant sur le côté du mors. Plus moyen d'avancer. Délestage maximum, nouvelle pause. La caravane s'effiloche, tout le monde se retrouvera au col. Je profite de la lenteur, il fait 30°C. Au sommet, les mules sont en nage, pareil pour moi. Elles se roulent dans la poussière, je file à l'ombre. Sardines, Vache qui Rit, biscuits, soda, le Kaskrout marocain par excellence. Nos pains " de voyage " sont à bout de souffle mais font le job. Une sieste serait la bienvenue mais pas la peine d'y penser. Encore deux ou trois heures jusqu' à Imlil, nous avons tous envie d'en finir. Encore une descente bien raide, les jambes deviennent échasses, rigides. Le chemin devient piste. La piste devient route. Défilé de 4X4 et de bus touristiques pour les cinq derniers kilomètres. Imlil me fait l'effet d'un Las Vegas. Après 6 jours de marche, plutôt Las Vegas Parano... Les amis muletiers me laissent sur place, je leur tend un billet pour le portage. Ils sont pressés de rentrer, me voilà seul au milieu d'une petite jungle. Impossible de passer la nuit là-dedans.

Une terrasse de café, un Coca, un temps d'observation. A côté de moi, deux gars discutent, classe naturelle, la bonne ambiance est de mise, on boit le café. Je m'adresse à Samir et Rachid pour un plan logement " sympa " . La flèche fait mouche. Ils bossent pour une auberge en tant que guides. Ils me disent qu'elle se situe derrière l'arbre, oubliant de me dire que c'était derrière l'arbre le plus loin, en haut de la colline...Impossible de refaire 200m de dénivelé après une journée comme celle là. Mais impossible n'est pas berbère, c'est donc Hassan et son mulet GTI me conduira jusqu'au perchoir...un appartement pour moi, un repas aussi copieux que délicieux, un lit douillet. Demain, je vote pour les vacances!!!

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