J'ai rêvé de la mer. De la mer de nuages. Je ne crois pas à cette prémonition mais, dès le nez hors de la tente, je constate que la vallée est sous une bâche et que nous flottons au dessus. Je pisse comme un bienheureux en contemplant ce qui m'est offert. Le soleil perce, Bertrand ne sait encore pas qu' aujourd' hui ne sera pas comme hier. Notre honorable travail de scout de la veille se voit maintenant récompensé, une belle journée commence.

Reste l'effort de rejoindre le chemin sommital. Le vent a tourné au sud, nos pieds finissent de sécher. Grand bien nous fasse car nous ne sommes pas des batraciens. Sur ce bout de montagne, c'est l'arche de Noé : des moutons et des vaches au premier palier, des chevaux et des chèvres à peine plus haut. Les vautours naviguent entre les étages espérant quelques problèmes de santé dans ce monde d'herbivores.

Nous naviguons à vue, l'orientation est une formalité, un plaisir. On se remplit les yeux, c'est le début des Pyrénées. Les sommets ne sont pas hauts mais les vallées déjà bien encaissées. La descente sur St Etienne de Baïgorry, un kilomètre à la verticale en dessous de nous, promet des jambes en bois à l'arrivée et je nous vois mal enchaîner sur la prochaine montée en direction de Bidarray. Encore quelques sept kilomètres du célèbre GR10 pour retrouver la civilisation et cet épisode se refermera. La compagnie d'un ami m'aura soulagé de tout effort. Cinq ans après notre dernière promenade, rien n'a changé, nous avons retrouvé nos marques. Pas besoin de grandes discussions pour atteindre la complicité. Les choses sont simples quand elles sont vraies et inversement. Marcher nourrit et purge, abime et soigne, questionne et répond, rassure et déstabilise, élève et enfonce. Une thérapie préventive, qu'elle soit individuelle ou, comme cette semaine, collective

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