L’IJ, entre fleuve et mer intérieure se jette à IJMuiden. C’est une des portes maritimes vers l’Angleterre comme l’était Maassluis. Nous n’aurons pas d’autre choix que celui de passer en bateau pour continuer la promenade côtière. Pour rejoindre le port, il faut d’abord traverser le parc naturel qui promet une beauté dunaire ombragée. Dans ce pays à l’espace compté, une réserve naturelle tiendrait plus d’un jardin public pour un Canadien. La patte d’oie qui se présente ensuite nous offre le choix et son embarras entre l’itinéraire piéton ou cyclable, un peu plus long. Nous sommes des piétons rapides, également des cyclistes lents, on peut toujours choisir. Nous cochons l’option pédestre, le revêtement du chemin semble engageant et l’idée du raccourci kilométrique alléchante. Mais notre partenaire californien GoûtGueule jusque là topographiquement irréprochable commence à nous jouer des tours. La piste en stabilisé se fait rapidement sableuse, nous avançons au rythme d’un plongeur sous-marin, au ralenti. Nous profitons malgré tout au mieux de cette chaude randonnée. Mais au moment de sortir du parc pour atteindre l’asphalte des bicyclettes, nous butons sur un grillage de deux mètres de haut quand notre outil d’orientation indique un passage à travers la clôture en fer, pourtant infranchissable. Un peu désabusé, je propose une légère effraction pour une exfiltration plus rapide. La tâche s’avère plus ardue que nous le pensions et nous abandonnons cette tentative d’évasion vandalistique devenant vite chronophage. Résignés au détour, nous puisons dans nos réserves de courage. La ville se dresse maintenant devant nous, elle se résume au long du canal avec au bout les gros ferries, et notre petit bateau. Il est tard, il fait chaud, nous sommes fatigués et affamés. Le centre-ville d’IJMuiden est plutôt laid et sale, pas grand monde dans ce quadrillage de rues à l’allure de cité dortoir. La pause burger nous offrira une contemplation plus poussée de ce tableau. L’idée saugrenue me prends alors de faire escale dans ce décor, véritablement différent de ceux rencontrés jusque-là. Un bon ras le bol, l’autre argument. Mon camarade ne s’y oppose pas et j’appelle deux hôtels, malheureusement complets. Heureusement je n’oublie pas de me renseigner sur les horaires du bateau qui traverse l’IJ. C’est bien simple, il nous reste exactement vingt minutes pour attraper le dernier. Les doigts encore vernis du gras de notre mauvais sandwich, nous nous activons, en rotant la frite, mais sérieusement car ce navire est notre salut. Mouillés de chaud, on arrive à point. La récente passerelle est aux normes, 80cm de large, on s’y enfile. La porte de l’embarcation, bien plus datée fait dix centimètres de moins, on est bloqués. En un clic, on enlève une roue, compense le poids en avançant à bord. Le problème est réglé, nous célébrons ce sprint digestif en nous offrant une boisson gazeuse. Les dix minutes de croisière nous font croire au paradis, on en oublierait presque les derniers pas incompressibles jusqu’au camping de Wijk aan Zee, une ligne de droite de quatre kilomètres. Nous nous écroulons à l’emplacement n°6 qui nous est réservé. L’aciérie toute proche nous bercera toute la nuit.

Demain sera chômé.

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