e soigne mes dernières heures hollandaises. Le luxueux salon agathachristien et le buffet labyrinthique du petit déjeuner s’y prêtent tout à fait. Mon emploi du temps également, n’ayant prévu le trajet vers Bruxelles que pour demain. Alors je me vautre dans le cuir des fauteuils club et imagine un mauvais huis clos. Je suis Hercule Poirot.

Une cinquantaine de pas me propulsent jusqu’au guichet de la gare, juste en face. J’y glane deux infos, deux nouvelles : une mauvaise et une pas bonne. 1) Il sera impossible de passer les portiques avec ma fidèle carriole, trop large. 2) Demain, c’est la grève des trains, trop classe!

Et il va donc falloir : 1) Trouver un moyen d’atteindre le quai de la gare avec tout mon barda pour monter dans un train. 2) Rester un jour de plus à Leeuwarden pour évincer la grève.

Mon brainstorming tient maintenant de l’Escape Game. La marche aidant souvent à trouver des solutions, je pars faire un tour à pied, au hasard. Devant le Flower Power Coffeeshop, je me dis que l’achat d’une tête verte à une tête blonde pourrait aussi faciliter ma prise de tête. Une réunion d’une heure (en tête à tête bien sûr) pour ne trouver qu’une seule solution permettant de rentrer par voie ferrée.

Démonter la Carrossa pour la rendre la plus plate possible, de la taille d’un trop gros bagage. Puis acheter une grosse valise pour y fourrer ce qu’il y avait dedans. J’y fixerai mon bidon étanche, façon VRP du Yukon. Et il faudra se résoudre à laisser tout ce qui ne rentrera pas sous la forme d’un monticule dans la chambre d’hôtel.

Me voilà de retour dans la logistique serrée de la vie normale, des contraintes bien moins poétiques que celles d’un itinéraire à pied où le dilemme ne se porte souvent que sur la beauté du chemin à prendre ou la météo annoncée. Je continue ma déambulation dans les rues streetartistiques de Leeuwarden, prêt à dévaliser une bagagerie. Il faudra attendre la troisième boutique avant de trouver la contenance adéquate. Le vendeur me fera une remise, sensible à mon projet faiblement carboné. Dernière déconvenue, impossible d’acheter un billet de Thalys en raison de l’excès de bagages, alors que, patronymiquement, le carré VIP devrait m’y être réservé.

La grève des trains me permettra finalement d’aboutir ma nouvelle configuration, qui, bien que la plus ergonomique possible promet quelques moments de sport de gare, la correspondance à Rotterdam Central notamment.