8h30. Une horloge interne bien huilée. Je sors la tête de la tente. Vision d'horreur : une voiture de gendarmes adossée à la maison du cheikh. Ils se sont relayés pendant la nuit.Ce qui explique le remue-ménage...Dérangement pour nous, dérangement aussi pour ce vieil homme qui se serait bien passé de cette agitation. Je pisse à la vue de nos deux moustachus car le campement est complètement à découvert.Dormir dehors, c'est choisir où on dort.Nous n'avons rien choisi, ça n'arrivera plus. La voiture ne bouge pas. Il est 10h du matin, quelques fermes dans la cambrousse, grand beau. Deux gendarmes protègent courageusement quatre Français en train de plier leurs tentes dans une région infestée de méchants fermiers armés de gourdins. Foutage de gueule. C'est bien leur présence qui semble déranger les habitants. Poussée de mercure once again. Je me dirige bien vénère vers le 4x4, Bastien m'accompagne. Je leur explique fermement que nous ne sommes pas des stars, ne voulons pas de leur protection, que nous sommes en règle et donc avons le droit de circuler librement.Le ton (le mien seulement) monte et je les prie de partir.Ils s'exécutent en me disant, souriants : "Soyez les bienvenus"Le cheikh maintenant sourit,visiblement soulagé du départ des invités d'office.La femme libère enfants et animaux. La vie reprend son cours.

Nous marchons en direction des montagnes. Sur une petite route. Peu de véhicules.Tout le temps les mêmes...Certains, stationnant, redémarrent quand on arrive à leur hauteur.On nous suit.La discrétion n'y est pas, c'est donc sûr qu'on ne nous veut pas de mal. Sans doute le plan B des bleus : mobiliser les gens du coin pour nous escorter, soi-disant discrètement. C'est pesant. On repère un magnifique coin pour bivouaquer, pas de vent, du bois.Dans le creux d'une petite rivière asséchée. On déballe. Sans doute fruit de la filature de la journée, voilà donc un mec qui se pointe. Il dit qu'il est le chef et qu'il veut me montrer une bonne place pour dormir.On le suit sur quelques mètres pour lui faire plaisir, il nous montre son village. Je refuse poliment, il n'est pas content, je le suis car notre emplacement est idéal. C'est maintenant l'adjudant de Oued Zem qui arrive, avec sourire et uniforme, nous assurant tranquillité. Effectivement notre soirée sera douce, autour d'un bon feu. Mais mon majeur se dresse droit vers le ciel quand je pense à cette journée de filature...


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