La chaleur de la veille a eu pour effet de modifier mon horloge interne et je me remet en route dès les premiers rayons du soleil, bien décidé à profiter d'une relative fraîcheur matinale. Je croise la mob du lutin bienfaiteur qui m'avait souhaité bonne nuit, grossièrement cachée derrière un arganier isolé. Il n'est pas encore en piste mais devrait bientôt pointer le bout de sa moustache. En effet, il ne tarde pas à arriver à mon niveau. Salamaleks d'usage et question tout aussi rituelle : " où vas tu ? " Je jouerai cette fois sur l'ambiguité de la notion de " tout droit " selon qu'on se déplace à pied ou en engin. Et c'est ainsi que nos routes se séparent. Et il n'est jamais plus question de ma sécurité quand l'effort de la marche à pied devient nécessaire à la filature. Je suis maintenant tranquille, pourvu que ça dure... La descente sur Adassil, prochain ravitaillement, commence par une descente d'oued à sec. Un saut de trois mètres m'oblige à la plus grande prudence. Je fais parvenir le sac en bas à l'aide d'une cordelette. C'est le tour du bonhomme. Je prends le temps et me concentre. Rien de difficile mais tout de même exposé. Aller jusqu'au village ne sera plus qu'une formalité. J'y trouve des sardines, des oranges. Je partage 1,5l de Ice, une imitation de Fanta Orange, avec les enfants du quartier. De la chimie pure, je n'en crois pas mes papilles...La pause est terminée, je repars en quête d'absolu. La poésie s'arrête au premier son de pétrolette, quelques kilomètres après le douar. Hassan, jeune berbère de 25 ans rasé de près, deux enfants et demi, pas un mot de français... Il m'accompagnera jusqu'à mon spot bivouac, un petit plat au milieu des cailloux. S'en suit un grand classique, il me passe le caïd au téléphone. Entretien courtois dans un français académique. Tentative vaine de me faire changer de camping. Mes phrases s'allongent, la batterie du téléphone s'épuise... jusqu'à ce que je rende l'appareil à son propriétaire... entièrement déchargé !!! L'affaire est réglée, il n'y a plus qu'à se dire au revoir. Hassan me dit qu'il passe le relais et que demain, c'est un de ses amis qui m'escortera jusqu'au prochain village où je prendrai mon petit déjeuner. J'essaie de rester philosophe en pensant aux bienfaits des voyages organisés.

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