Ce sympathique plombier à casquette est d'une ponctualité chirurgicale. Je lui ai commandé le petit déj pour 8h et j'aspire ma première gorgée de thé à 8h02. J'enfile mon sac à dos, un nouveau sac à dos, un très bon sac à dos, un très beau cadeau. Le programme de la journée est simple mais bien chargé : rejoindre une vallée verte à 5 km, la remonter jusqu' au bout, passer le col, redescendre en fond de vallée puis suivre la piste jusqu'à apercevoir la prochaine... La ballade est de toute beauté, la température idéale. Un oued à sec me permet de rejoindre la "vallée verte", ambiance canyon préhistorique. Ensuite, c'est l'explosion de vert, de l'eau partout. Eau, source de la vie. Je profite des couleurs depuis la piste panoramique. Je la suis jusqu'à rencontrer la rivière. Des hommes préparent un tajine, abreuvent les mules. Les femmes étendent le linge sur les cailloux aux dimensions les plus adéquates. Les enfants alternent entre petits coups de main et douces rêveries. Personne ne me demande où je vais, ma présence ne semble pas bousculer l'ordre des choses. Ces ondes bienfaisantes me poussent à une courte halte au bord de l'eau. Moment d'une indescriptible poésie au parfum d'éternité. La piste n'est plus mais le chemin qui s'enfonce est féérique. Je marque une nouvelle pause avant la dernière ascension de la journée. Le paysan laboure ses terrasses à l'aide d'un mulet. Je lui emprunte l'ombre d'un des ses fruitiers. Un faucon choisit ce même arbre comme étape. Je me pétrifie, espérant rallonger mon temps d'observation. Le rapace est à peine trois mètres, il attendra la fin de mon apnée pour s'en retourner. Peut être un représentant des autorités locales missionné pour prendre soin du bon déroulement de ma randonnée. Mais sans l'indélicatesse de l'homo sapiens. La descente est tout aussi magique, des villages perchés, une architecture traditionnelle discrète se fondant dans le paysage. C'est seulement au bout de 30 km que je trouverai mon bonheur pour la nuit. Un éperon caillouteux au milieu des plants de lavande. Vue imprenable sur la vallée de Ouirgane. Je monte le camp, me nourris, vite fait... A la nuit à peine tombée, je file dans mon duvet, les jambes lourdes, l'esprit léger...

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