L'exploitation de la forêt nécessite aux engins des chemins d'accès. Une fois les parcelles exploitées, la nature reprend ses droits, le temps de la repousse, le chemin n'existe plus. Et voilà que l'itinéraire prévu se révèle impraticable parce qu'introuvable...Assumant pleinement ma fonction de voyagiste, j'épargne à Bertrand mes hésitations et part en reconnaissance, le laissant en compagnie des fougères encore perlées de rosée. Le "vrai" chemin n'est pas loin mais l'épaisseur des buissons et la taille de leurs épines nous transforment pour un temps en légionnaires. Quelques impacts épidermiques plus tard, nous rejoignons le chemin tant désiré, puis le premier village de la vallée, Azparren.

Une journée de villages puisque nous suivrons la route sur plus de dix kilomètres. Impossible, durant la préparation de l'itinéraire, de trouver un tracé alternatif... Nous subirons la chaleur du bitume, l'inconfort de marcher sur un ruban destiné aux véhicules à moteurs. Nous profiterons par contre de la légèreté de notre sac, n'ayant pas à stocker l'eau. Prochain pueblo : Oroz Betelu. Sur le pont qui marque l'entrée du bled, un autochtone observe la danse des poissons dans la rivière en contrebas. Nous sortons ce pêcheur de sa rêverie fantasmatique. Le bar du village mérite une visite et c'est sans sourciller que nous suivons les conseils de notre précieux indic. Chez Louisa, nous trouvons le réconfort. Une salle carrelée pour se rafraîchir, quelques bières et les petits pinchos (tapas) du dimanche. A 13h30, nous sommes dans un état d'ivresse rendu soporifique par les gourmandises ayant voyagées du comptoir à notre estomac. La bar s'est rempli au fur et à mesure que nos bières se sont vidées et c'est devant un respectable public que nous nous transformons en explorateurs sahariens. Les tshirts mouillés s'intercalent sous les casquettes, nous venons de créer le burkini pour clochardes...

L'arrivée à Garralda en fin d'après-midi sonne la fin de notre excursion routière...nous pensions y trouver un hôtel mais non. Nous réfléchissons en buvant une bière pendant que Nadal s'envole facilement vers la victoire. Nous décidons d'aller manger dans l'autre bar du village pour ensuite aviser. Manger n'allant pas sans boire, nous ne nous priverons de rien. Nous repartons le coeur léger et la démarche titubante, peu soucieux de savoir où on finira par dormir...Le paysage change à mesure que nous dessaoulons, on passe du sec à l'humide, de la Navarre au Pays Basque. Le ciel se couvre. Un pré plat après un passage canadien. Une veillée ponctuée par quelques passages de tracteurs. Une infusion d'ombelles de sureau cueillies dans l'arbre. Bertrand ne tarde pas à se coucher. Au premier ronflement, j'éteins ma frontale.

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