10juin 2017
Maquis
16:58 - Par Raphaël Talis - aucun commentaire
A deux, la randonnée est ponctuée de moments de convivialité qui donnent envie d'un confort relatif. Pour les matins, nous avons choisi le luxe d'une cafetière italienne, la garantie d'un bon début de journée. A 7h, la première tournée est prête. Nous plions le camp. Une deuxième tournée avant de plier le sac. A 8h30, nous sommes en marche mais notre combat du jour ne sera pas politique. Le soleil, déjà haut dans le ciel, ne nous fera pas de cadeau. A nous de devenir les rois de l'esquive d'un assaut lourd et constant. Nous traquons l'ombre des arbres qui s'amincira jusqu'à l'heure du zénith. Nous tentons de flairer la brise rafraîchissante. La végétation traduit une sécheresse chronique. Le thym serpolet est en fleurs mais n'exhale pas le parfum de son homologue des estives auvergnates. Je grignote en chemin quelques pétales d'églantier, lui aussi à point. De chaque côté de la route, du maquis dense et bien piquant, pas de place pour les raccourcis improvisés. Nous croisons trois randonneurs en pleine pause. Nous multiplions les arrêts également. Café, pâté, compotes, le garde-manger est encore bien garni, nous pouvons y plonger sans retenue. Nous progressons par sauts de puces tant la chaleur est accablante. Éviter la surchauffe devient la seule priorité. Nous nous soumettons humblement à la loi de l'Astre, en pensant à la relative fraîcheur d'une veillée sans migraine. Quinze minutes de pause toutes les demi-heures. Un vieux fourgon Mercedes nous dépasse pendant un de ces temps morts... un camion de teufers, tout le monde descend !!! Nous évoquons les raisons mutuelles de nos présences ici. Fête de hippie pour les uns, vie de bédouin pour les autres. Pour eux, la fête est finie, direction le Portugal. Nos hygiènes respectives équitablement indélicates nous invitent à la camaraderie. Les jeunes, attendris par notre condition de piéton au soleil, nous offrent de l'eau fraîche et de la marijuana sans gluten. Leur route continue tandis que notre pause devient escale. Rien ne presse, les jours sont longs, personne ne nous attend, la réception de notre hôtel est ouverte 24/24. Ce sera ce soir la clairière d'un chemin forestier. La biche du quartier, par ses râles répétés, nous fait comprendre que nous ne sommes que d'éphémères invités. La lune se lève, pleine et jaune.
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