18avr. 2018
Maquis
14:56 - Par Raphaël Talis - aucun commentaire
A peu près rétabli, je poursuis la mission en direction de Demnate. D'abord en voiture jusqu'à Zerkten pour retrouver mon itinéraire pédestre. J'ai le grand honneur de faire le trajet dans la voiture du Grand Patron du grand resto d'hier. Un ancien. Droit. en habit traditionnel. Kangoo pour la voiture. Pas un mot ne sortira de sa bouche. Mais son sourire n'en démordra pas. Un mode de communication rétinien finalement assez précis. De la télépathie en triphasé. Toujours plus précis que sa conduite qui aurait pu nous faire partager un triste destin commun. Je le quitte sans lui faire un hug mais le coeur y est. L'ambiance du jour : chaud et sec, du dénivelé positif, un tracé incertain dans un maquis épineux et dense sans point d'eau...J'achète sept litres d'eau et embraye à pied la route secondaire, avant la piste qui conduira au chemin qui précèdera le sentier des crêtes...
Un erreur d'aiguillage me conduit au fond d'un oued à sec à l'aplomb d'un paroi bien trop verticale pour envisager la franchir. J'y fait ma pause méridienne, contraint et forcé, mais toujours dans le plaisir. Puis c'est le demi-tour, à la recherche d'un accès possible. Les crottes de chèvre et la physionomie du terrain finiront par me guider. L'ascension est difficile, le soleil brûle, la surchauffe jamais très loin. En prévention, je bois tous les 100m de dénivelé, ce qui assure une suffisante hydratation. Néanmoins avec raison, car je ne sais rien quant à la situation du prochain point d'eau.
Le relief s'adoucit au fur et à mesure que le plateau approche. Et ce sera finalement une charmante étendue herbeuse qui m'accueillera pour la nuit. Du vert, du bois pour faire un feu, un soleil couchant digne de ceux de Venice Beach et même un filet d'eau qui coule. A l'abri de la pénurie, je siffle un litre à la tombée du sac. Je monte le camp, rassemble du bois pour mon couscous/fromage/cacahuètes. S'en suit la visite des bergers du coin, aussi souriants qu'édentés. Peu importe le berger, peu importe la montagne, les questions sont immanquablement les mêmes : d'où viens tu? Où vas tu? Tu es seul? Tu n'as pas peur des cochons? Je me soumet docilement à cet interrogatoire bienveillant, passe le test avec succès. Chacun retourne ensuite à ses activités. La quiétude pour moi d'être en paix avec mes voisins du jour. La fierté pour lui qu'un touriste choisisse sa pâture comme lieu de villégiature éphémère.
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