Une allure fondamentale

Entre 2 et 6 km/h, c'est là que se situe l'allure fondamentale. Ce blog en fait l'éloge...

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17juil. 2022

Salut Kinkin

En me dirigeant vers le bloc sanitaire pour mes rituelles ablutions très matinales, je repère un véhicule similaire au mien. Je crois d’abord à un vélo couché, pas si rares sur cet itinéraire. Mais pas de pédales. Je l’osculte de plus près, sans gêne puisque le camping dort encore. Il s’agit bien là d’une poussette. Un modèle inconnu en France. Le temps de faire chauffer un café, le propriétaire se réveille, nous faisons brièvement connaissance. Il est parti de chez lui en Hollande et s’est concocté un trajet cyclable jusqu’à Barcelone. Mini-charrette et skateboard, c’est sa config. 12km/h, c’est sa vitesse.

Une journée de voie verte pour nous également, en direction du Nord, toujours. La température de l’air devrait prendre quatre degrés par jour. Hier samedi 28°C, pour atteindre 40°C mardi. aujourd’hui la route sera longue jusqu’à Revin. Chaude aussi. Heureusement, Hibou et Violaine, nouvellement poitevins, ont passé quinze ans dans le four de Marrakech. Donc pas de quoi les impressionner. Hibou semble même fonctionner à l’énergie solaire et plus rien ne l’arrête.

Après 24km de plein les yeux et plein les jambes, nous atteignons Revin et son camping post-concours de pétanque. Pour la première fois, ma cheville crie au secours. Les paupières mi-closes, je sens que la dose d’endorphines est montée d’un cran. Une douche pour sortir du coma et nous ne filons pas plus loin qu’au snack. Bière et junkfood pour finir de s’abattre. De la sauce Kinkin dans le sandwich, industrielle et locale. Une sauce algérienne labellisée Ch’ti. Pas dingue.

Mes amis m’ont cramé, je rentre à la tente en claudiquant.

Et je ne peux que compter sur les réparations nocturnes.

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16juil. 2022

Crottes

Le temps de ficeler les dernières missions et nous voilà partis peu avant 11h. Une petite demi-heure pour rallier la voie verte qui suit la Meuse. Qui débouche à Rotterdam. La Carrossa, bien qu’à son maximum de chargement à le sourire. Du plat, du bitume. Finies les ornières bourguignonnes, la boue argileuse de l’Argonne, les côtes ardennaises. Pour le marcheur à chariot, ça équivaut à la baignade d’un obèse dans la Mer Morte, une apesanteur. Seule la chaleur exponentielle annoncée pour les jours qui suivent pourra nous embêter.
Beaucoup de monde aux abords de Charleville pour profiter de ce beau ruban. Beaucoup de crottes aussi. Y a-t-il une appli pour la reconnaissance de crottes? Aspect verdâtre et texture molle, sûrement le fait d’un herbivore. Mais c’est le nombre qui nous impressionne. Il s’agit là d’un tapis. Une véritable dysenterie collective et sans limite. A n’en point douter l’œuvre d’un animal sans sphincter. L’enquête est donc ouverte. Nous penchons pour le ragondin et imaginons le cauchemar d’un bivouac fécal dans cette zone de non droit intestinal. Nous verrons ensuite un élevage de daims, au dessus de tout soupçon.
Nous abattons les kilomètres sous un soleil encore supportable. Monthermé pointe le bout de son nez après plus de 23km. Le petit camping municipal est complet. La charmante dame de la réception nous accepte en voyant le peu d’alternatives que nous offre notre moyen de transport. comme toujours, la douche est un délice. Nous montons le camp un peu à l’écart. Autour d’une tambouille, nous nous retrouvons. Comme si c’était hier.

L’amitié écrase le temps.

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15juil. 2022

Se tenir prêt

Les amis Hibou et Violaine arrivent vers 15h30. Ce qui me laisse le temps de remplir mon programme de ministre. Assurer la maintenance de ma Carrossa, acheter deux chambres à air. Contrôler les niveaux du bonhomme, faire mon analyse de sang, devenue maintenant mensuelle. S’orienter en Belgique en récupérant les cartes topographiques au courrier de la poste restante.
Je trouve un bar à jus façon laiterie du Maghreb. C’est vendredi. Jour du couscous. C’est l’occasion de faire le plein de légumes, devenus rares au fur et à mesure qu’on se rapproche du royaume de la frite.
A peine le temps d’une sieste dans le parc en face de la gare que nous voilà réunis, plus de six ans sans ne s’être vus. La suite se passera à trois. J’entends la Carrossa gémir, pour notre plaisir…

Et je rêve de notre promenade le long de la Meuse.

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14juil. 2022

Escale citadine

Quelques quinze kilomètres seulement jusqu’au centre-ville de Charleville. Toujours une grosse chaleur annoncée. Je quitte mes petits vieux à 8h30 après avoir dégommé toutes les options d’un petit déjeuner qui n’avait rien de pantagruélique. Peut être une dernière route forestière vers Marceau. Peut être la dernière montée de l’été, j’ai du mal à y croire…
J’aborde la zone indus deux heures plus tard. Je sors ma panoplie de tshirts de couleur, c’est le moment de se faire voir. Mes fesses se serrent proportionnellement à la largeur du bas côté.
Au premier pont sur la Meuse, je marque un temps d’arrêt, elle sera mon fil d’Ariane pendant presque dix jours.
A Charleville, le 14 juillet, c’est la grande parade. Ville de militaires, on sort le matos, chars, tanks, tout y est. Les Verts, les Bleus, les Rouges, tout le monde est là dans son plus beau costume.
11h45, je suis déjà attablé devant une entrecôte. Puis je m’installe au camping.
Un peu d’écriture,
Une sieste,
Un resto indien, le Thali.

Une demi journée chômée dignement, c’est la fête nationale quand même.

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13juil. 2022

Marche à l'ombre

La vague de chaleur continue, il me faut partir à l’aube. Pour arriver avant le point de transpiration du bitume. Les chemins forestiers sont nombreux mais quasi tous consacrés à l’exploitation du bois. Pas grand chose à se mettre sous la semelle pour un marcheur avec son carrosse. Pas non plus envie de multiplier les percées qui ne mènent nulle part, déjà fait en Bourgogne, et pas malin par des températures extrêmes.

Ne pouvant soigner l’itinéraire qui sera essentiellement routier, je fais le choix de la chambre, pensant arriver assez tôt pour en profiter. Je lève le camp à 7h30, le camping dort encore. C’était l’heure préférée de Bruno pour faire surface, les cheveux frisés par la condensation de sa tente timbre-poste.

Je file tout droit, noisettes et raisins secs comme carburant. 12km plus loin le village de Vendresse à 9h30. J’y trouve une boulangerie et un confrère nomade. Sa carrossa est à moteur et contient fruits et légumes…

C’est un peu la course contre le soleil, encore voilé, qui devrait percer vers midi et envoyer les watts. Sans l’oublier, j’expédie le casse-croûte et attaque les cinq kilomètres de montée, prêt à en découdre. Et j’arrive à Balaives et Butz chez Pépé et Mémé. Ils sont aux petits soins, moi aux petits oignons. Un repas à l’ancienne qui vaudra mille fois les junkfooderies des campings.

Et j’essaie de rattraper mes retards d’écriture. Encore la faute à Bruno, je ne voulais pas en perdre une miette!

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12juil. 2022

Chill Out

Mon compagnon de route s’en allera du Lac de Bairon avec un taxi direction Charleville Mezieres, puis un train pour Paris. Puis un autre pour Clermont Fd. C’est ensuite un avion qui le ramènera au pays où sa vie l’attend. Chiang Mai, Thaïlande.
Et moi, je repartira. Vers le Nord et à pied. Comme convenu avec moi-même.

Quelques huit jours de marche seulement. Avec Bruno, c’est depuis quelques années une amitié de qualité, pas de quantité, on se voit peu. La marche partagée concentre les saveurs et forge des souvenirs incroyables pourtant faits de moments simples. Rajoutez une amitié indéfectible de très longue date pour obtenir une dose de bonheur intense.

En cette journée de repos au bord du lac, je me demande : « Qu’est-ce-qu’un ami? »

En tous cas pas forcément quelqu’un qu’on voit souvent.
Mais quelqu’un à qui on ne peut s’empêcher de penser.

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11juil. 2022

Déviation

Dernière journée de marche pour Bruno.
Pendant mon tour de camping matinal, maintenant devenu rituel, je réfléchis à l’itinéraire, déambulant dans les allées encore ensommeillées.
Bruno repart de Charleville.
J’attends également une livraison d’amis là-bas.
Pourquoi donc continuer un GR sans intérêt et en plein soleil si la direction n’est pas optimum ?
D’autant que les berges du Lac de Bairon paraissent bien plus hospitalières pour une dernière soirée qu’un carré d’ herbe au milieu des maïs. Cap Nord/Ouest pour une étape routière chargée en kilomètres. Un dernier effort pour mon camarade qui ne lâchera pas le volant. Vaillant jusqu’au bout. Pour quelqu’un qui développe des applis…

Contrat rempli, plein les jambes. Et j’espère comme moi plein la tête.

THX BRO

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10juil. 2022

Les frères d'Ardennes

Quelques heures encore à profiter de la forêt et de sa fraîcheur. Un bivouac ce soir nécessiterait une grande quantité d’eau, surtout après avoir passé les heures chaudes dans les champs brûlés. Moyennant un détour de deux kilomètres, nous pourrions trouver un écrin de verdure avec un plan d’eau. Et un camping pour se désaltérer sans limite. Entre Harricourt et Buzancy a une vingtaine de kilomètres. Comme toujours, mon partenaire est partant. Et content.
Comme toujours le matin, nous prenons le temps. Je savoure chaque minute. Une deuxième tournée en café en pliant tranquillement, un ou deux coups de fil, un fruit, un petit gâteau… entre frères d’Ardennes…
Bien accompagné, la journée de marche file, ponctuée de longues phases d’hypnose, comme derrière la vitre d’un train. La chaleur nous transforme en derviches pousseurs, la ligne droite remplaçant le cercle.
Et nous voilà attablés devant une bière sans que je n’ai rien vu venir.
Pas vu passer la journée.
Pas plus que les trois dernières semaines.

Pourquoi donc la lenteur densifie-t-elle le temps?

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09juil. 2022

Fin de l'Argonne

Les automatismes de vieux couple sont en place. Mon ami connaît le Tetris de la charrette et mes déjà vieilles habitudes de trois semaines de chemin. Notre samedi soir marquera la fin de la forêt d’Argonne en atteignant Grandpré. Peut être les derniers épisodes de bûcheronnage où l’on doit dégager le chemin pour laisser passer notre fameux véhicule. Après, il faudra se contenter de l’inexistante ombre du maïs au fur et à mesure que la canicule prendra ses aises.
Bruno a comme mission matinale le lavage de la carrossa, alourdie par la boue accumulée la veille. Il utilisera l’espace dédié au deversage des toilettes de camping car. Le pauvre bouche la fosse, faisant ventouse. Il finit par y mettre les mains, pour déboucher l’affaire, ce qu’on appelle être dans la merde.
La balade est une fois de plus un régal. Les vecteurs de la réussite, un ami et du beau temps. Pique-nique en bord d’étang, on hésite presque à y faire la sieste. Il faut dire que le snack belge m’ a bien fatigué, n’ayant laissé aucun repos nocturne à mon tube digestif. Je mise sur un peu de sommeil en arrivant à destination, l’étape ne devrait pas s’éterniser.
Effectivement, les bagages à peine déposés, je part m’effondrer sur mon matelas. Bruno qui n’a pas été piqué par la mouche tsé-tsé part comme on dit « essorer le bled » en quête de ravito. Il trouve tout ce qu’il faut chez Carrouf comme chez Casto. Mais le tabac commence à faire défaut. Celui du village fait bar aussi. Le patron est décrit par le voisinage comme fantasque, notamment au niveau des horaires. Puisque le patron n’ouvre qu’en fonction de son ébriété. Bruno y retournera. Il est ouvert, effectivement folklorique. Le rayon tabac se résume à trois boites de tabac à rouler. On voit que la proximité du Luxembourg ne favorise pas l’achalandage…Le degré d’alcoolisme du patron probablement pas non plus.

Et on se délecte d’une grande Leffe glacée en pensant à lui.

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08juil. 2022

Chez les Belges

La petite clairière en bout de piste a parfaitement rempli son rôle de cocon nocturne.
Bruno a fait ses trois jours même quatre. Les pieds ont tenu, les muscles aussi. La suite ne devrait être que plaisir.
Nous avons assez d’eau pour éviter Varennes en Argonne, le village où tout s’appelle Louis XVI, c’est à en perdre la tête. Un peu de détente aujourd’hui, un peu moins de kilomètres. Et une récompense à l’arrivée avec un camping pourvu d’un snack ce qui garantit bière, gras et sel, faiblesses du randonneur festif.
Ambiance guerre de 14 pour la promenade du jour. Un cimetière allemand que j’ai trouvé féerique. 1111 soldats enterrés. Une dernière demeure vraiment classieuse dans un écrin de verdure. On passe aussi près d’Apremont, un village qui sent bon les cours d’histoire…
L’appel d’une boisson fraîche nous permet d’atteindre le camping à une heure raisonnable. Belgitude assurée par les propriétaires. Jupiler, fricadelles, manque quand même de la graisse de bœuf pour la cuisson des frites.

Elle a dû stationner à l’arrière de la rondouillette gérante.

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07juil. 2022

Louis XVI

A l’heure du départ, toujours personne à la réception. Nous avions pourtant signalé notre présence. Devant cet accueil fantomatique, nous partons comme nous sommes venus. L’objectif du jour sera peut être inatteignable car à plus de 25 km de Ste Menehould. Temps couvert et vent frais devraient nous permettre d’avancer généreusement en direction de Varennes en Argonne. Pour la petite histoire, c’est là que s’arrêta la fuite de Louis XVI, dénoncé qu’il fut par le chef de poste de Ste Menehould.
Le GR14 est depuis quelques jours notre fil rouge. Peu fréquenté voire pas fréquenté, pas un seul randonneur rencontré jusque là. Le balisage est pourtant régulier et nous le suivons scrupuleusement. Mais en scrutant la carte topographique, nous ne reconnaissons plus le terrain. Pensant être au Neufour, nous arrivons à Florent en Argonne pour le pique-nique. Le GR a tout simplement été dévié et nous l’avons suivi. Nous nous en amusons en sortant de notre musette saucisson et fromage, fidèles compagnons de route.
Nous continuons donc le GR en consultant cette fois la cartographie. Qui dit que la route est encore longue. D’autant que les jambes nous piquent à cause du run de la veille. La piste forestière, large et roulante, propice à la transe, nous invite à faire plus.
Mais quand elle s’arrête au milieu d’une clairière pour se transformer en chemin hasardeux et qu’on a déjà abattu 23km, c’est que cette clairière doit être notre refuge pour la nuit. Nous y serons des hôtes exemplaires.

Et le voyage à pied fait tourner la forge des souvenirs à plein régime.

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06juil. 2022

Amour melon

Nous avons apprécié notre étape au camping désert de Givry en Argonne. Et nous sommes curieux de voir ce qu’il en est à celui de Ste Menehould. Pour l’atteindre, une bonne dose kilométrique, on passe aux choses sérieuses. Mon partenaire est motivé, on atteindra l’objectif.
La balade est essentiellement forestière. La fin du trajet nous rapproche de la civilisation. Des ponts. Quelques constructions millésimées. Nous traversons l’A4. Ou plutôt l’A4 nous traverse…trente mètres au dessus de nos têtes. Petite pensée émue pour l’adjudant Chanal, Mourmelon n’est pas loin.
Un tout petit camping nous attend. Moins de dix vacanciers comme voisins. La réception fermée.
Bruno tente d’éteindre ses ampoules d’un soin approprié tandis que les oignons fristouillent. Nous devons bichonner la carrosserie et le moteur, refaire le niveau d’huile d’olive, ne rien négliger des plaisirs.

Pour que notre bédouinerie soit un bonheur.

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05juil. 2022

Bienvenue en Argonne

Réveil idéal au bord de notre étang bien propret. L’étape du jour ne devrait pas ressembler à celle de la veille. Pas de ponts, pas de boue, pas d’ornières, espérons pas de déchargement… Il fait vite chaud et la forêt d’Argonne qui commence est un véritable refuge. L’Argonne, c’est la guerre de 14-18. Nous marchons à l’ombre de cette mémoire. Les signes se font plus présents, stèles, cimetières, ossuaires commencent à parsemer le parcours.

La promenade est bien plus aisée et nous arrivons au camping municipal de Givry à une heure raisonnable. Le Carrouf du coin y est très bien achalandé et nous pouvons songer à un repas de fête à base de viande et de produits frais. Nous sommes les seuls campeurs. Le terrain est aussi le plan d’eau du village, rien n’est fermé. Le lieu est resté dans un jus qui nous convient parfaitement. A 6,80€ pour deux, difficile de demander un spa. Lessive, douche, nous profitons malgré tout de toutes les options.

Un bivouac de grande classe, tout comme mon invité.

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04juil. 2022

Un de moins

A l’heure du réveil, les nouvelles d’Auvergne ne sont pas bonnes. La température est montée et il a fallu appeler les urgences. Le douloureux verdict tombe, Rémy doit rentrer remplir ses obligations de papa et rentrer à la maison. J’imagine sa déception et n’ose pas vraiment aborder le sujet. Une fois de plus, ce putain de Covid aura bousculé nos plans. Malgré tout, la vie continue, la marche continue et nous partons avec Bruno.

Nous devons traverser une zone marécageuse formée par deux rivières, la végétation est dense, la forêt humide. Après à peine un kilomètre apparaît la première difficulté. Un pont suspendu traverse l’Ornain, aucun problème sans charrette, mais, avec notre carrosse, impossible. Il nous faudra porter notre véhicule à bouts de bras après l’avoir entièrement déchargée, pas vraiment un gain de temps. Sans parler de l’effort demandé à l’heure la plus chaude. A 14h, le compteur n’affiche que cinq kilomètres. La deuxième épine apparaît une nouvelle fois sous la forme d’un pont. La largeur n’est pas suffisante et on doit faire passer nos cinquante kilos de matos avec une roue dans le vide, cette fois sans décharger. Mousquetons et cordes pour éviter une terrible chute, la manip est teigneuse mais nous vaincrons.

Nous ne sortirons de cet enfer vert qu’en milieu d’après-midi. Sans la verdure, c’est la fournaise et nous atteignons Alliancelles avec une grande soif. Puis ensuite Bettancourt la Longue. Journée harassante récompensée par un autre bivouac de rêve. Un petit étang, aux berges superbement et récemment entretenues, nous accueillera pour la nuit. Une récompense méritée.

Je vois la tête de Rémy découvrant l’endroit. Comme nous, il aurait été sous le charme.

On pense à toi Hermanito.

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03juil. 2022

Réunis

Les amis vont finalement arriver en début d’aprem. Le rendez-vous est fixé à Maurupt le Montois. Pour eux train + taxi depuis Paris. Pour moi jambe gauche + jambe droite depuis Trois Fontaines l’Abbaye. Aujourd’hui, je prends le temps. La veille m’a laissé les cannes bien raides.

C’est dimanche à Cheminon et l’épicerie, unique commerce, ferme à 12h30. J’arrive pour les douze coups. Un vieux loup de mer m’y attend. Je sympathise. Je suis le premier touriste depuis deux ans et demi. Parce que je viens à pied.

Le soir du réveillon 2019/2020, une fille complètement ivre fracasse les halles du village avec une voiture. Des halles historiques. Trois exemplaires de ce type en France car la route y passe dessous. Une route maintenant fermée car la charpente menace de s’effondrer. On ne passe plus par Cheminon. Montant des travaux 700 000€. La mort du patelain, l’aigreur du commerçant. Seul le pèlerin peut traverser l’édifice et continuer son chemin. Je me dirige vers Maurupt, prononcé morue.

Au vu de la chaleur et de mon état physique, le monument aux Morts sera un bon point de rencard. Rémy et Bruno descendent du taxi rutilant. Enfin nous voilà. Mais pas la tête des grands jours pour Rémy, je sent bien que quelque chose ne tourne pas rond.

Charrette chargée à bloc, nous amorçons le départ que nous fantasmons depuis maintenant quelques mois. Le bar de garde de Pargny sur Saulx nous impose la pause. À mi-bière, Rémy nous annonce qu’il devra sans doute rentrer rapidement…

Le Covid n’a pas fini de nous casser les bonbons, la famille est malade. Je sais donc pourquoi mon ami n’est pas tombé dans mes bras. Il sait que pour moi, Rituximab et Covid sont une alliance diabolique.

Dommage car nous trouvons un bivouac idyllique à quelques encablures du village.
Au bord de l’Ornain, notre campement est un petit paradis. Mais je sais que mon ami, du fond de sa tente, consulte fébrilement son téléphone. J’aimerais plus que tout être le druide qui soigne à distance. Celui qui ruinerait le virus d’un coup de potion. Celui qui rendrait notre flânerie collective possible.

Être Panoramix. Juste une fois.

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02juil. 2022

Mise au vert

Dix années. Une décennie déjà que je raconte à qui veut - et ne veut pas - l'entendre l'épopée marocaine que Raphaël, Bruno et moi avons vécue lors de l'Acte I de l'Allure Fondamentale. Dix ans et à peu près tous les tours que la vie a l'habitude de jouer à à peu près tout le monde, plus ou moins surprenants, de plus ou moins bon goût : les enfants qui naissent et grandissent, la maladie qui s'invite et se fait non sans résistance foutre dehors à grands coups de pied chimique au cul, les cheveux qui blanchissent, les kilos pris ou à prendre. Dix années et on remet ça, on se retrouve cette fois-ci pour une tournée des grands ducs que le hasard de l'itinéraire a voulu assez Faites entrer l'accusesque mais dont le casting donne de bons repères géographiques : rendez-vous est pris sur les terres d'Emile Louis pour dix jours de marche qui nous mèneront vers celles de Michel Fourniret en passant par les forêts de l'adjudant Chanal, excusez du peu. Et bien entendu, depuis que la date est calée, depuis que Bruno, le Thaïlandais de l'étape, a enfin réservé son billet d'avion, depuis que je sais que ce rendez-vous qu'on s'était dit dans dix ans aura bel et bien lieu, j'ai cette horrible de chanson de Patrick Bruel dans la tête du matin au soir. Dieu merci notre itinéraire ne passe pas par les lacs du Connemara, mais c'est quand même dur.

Retrouver Raf : rocambolesque et déjanté du début à la fin. Sur le papier tout devait fonctionner sans accroc : mis au défi de jongler avec l'anniversaire de ma fille et le lancement de la marche qui tombaient le même jour, mais pas du tout au même endroit, il était convenu que je rejoindrais Bruno à Paname le 1 au soir en avion, histoire de fêter comme il se doit les 5 ans de l'Infante (bilan neutre si on divise le sens des responsabilités et de l'organisation par la quantité de kérosène brûlé) pour finir en train à Saint Dizier, point de ralliement, le lendemain. Tout était donc bien calé jusqu'à ce qu'Air France n'annonce (à la dernière seconde) que mon vol était annulé, alors que j'étais tranquillement à la pizzeria avec ma famille, sac pas encore fait, et que je ne comprenne que ma seule minuscule chance d'y arriver était de me ruer chez moi puis de me quasi-téléporter à la gare prendre le seul train pas encore complet pour la Grand-Ville avec, difficulté bonus, un sprint intermédiaire dans la Petit-Ville où j'avais oubliées dans la panique les affaires de rando que je venais d'acheter. Deuxième désagréable surprise et pas des moindres : l'avenue qui mène à la gare est fermée à la circulation pour travaux, je le découvre sur place à environ 3 mn du départ du train. Et un train, si ça arrive souvent en retard, ça part toujours à l'heure. Vérifiez sur Wikipedia si vous ne me croyez pas, mais j'ai battu le record d'Ousbékistan du 400 mètres catégorie handisport, je l'écris sans aucun esprit d'outrance envers les Ousbèques handicapés car on peut très légitimement considérer un sac de randonnée plein comme un oeuf et une surcharge pondérale de 20 kilos comme un handicap, et je n'y suis pour rien si on court moins vite dans les pays en -stan qu'aux USA ou qu'en Jamaïque. Record battu donc, mais histoire d'aller jusqu'au bout d'un suspense à la Bruce Willis il faut quand même que le train soit en marche quand je réussis à y monter sous le regard du contrôleur qui me fait les gros yeux tout en trouvant quand même ça un peu cool, indéniablement Cowboy style. La bonne nouvelle c'est que ma surcharge pondérale, vu le nombre de calories brûlées en 3 mn, passe probablement à 19 kilos.

Arrivée à Paris, apéro à Paris, tounée du patron à Paris, digestif à Paris, fiesta à Paris, Bruno perd les clés de notre Airbnb (qu'il m'avait confisquées car il avait peur que je les égare, prends ça dans ton karma Bru), donc re-fiesta le temps de trouver une solution (toujours une bonne idée de faire la nouba pour trouver la meilleure inspiration, c'est ainsi que naissent les plans les plus solides), à 11 h du matin le lendemain (il n'y a pas de faute de frappe, une nuit et une matinée plus tard), ladite solution n'étant toujours pas trouvée (nos affaires sont évidemment dans notre Airbnb inaccessible, dont la propriétaire est injoignable), Bruno qui est une petite nature s'éclipse pour aller dormir chez un ami con comme une flaque de boue, méchant comme une teigne et fier comme Napoléon, je me rends compte en l'écrivant que je décris une sorte de Donald Trump qui n'a pas réussi sa vie professionnelle, et ne croyez pas que je suis, moi, méchant car il est bien incapable de lire un texte aussi long et ne découvrira jamais ces qualificatifs peu reluisants, je n'ai donc pas peur de le blesser, pas plus que lui n'a de gêne à blesser les autres en tout cas on est le 2 juillet, on est censés s'être retrouvés, on est toujours à Paris, moi je fatigue, Raf j'imagine fulmine, et Bruno réapparait enfin, mais trop tard. Il nous dégote donc un hôtel miteux dans le 15ème où nous dînons d'une salade niçoise et d'une lasagne qui feraient mériter au Flunch de Limoges 3 étoiles au Michelin et où nous dormons à tour de rôle, l'un ronflant de toutes ses forces pendant que l'autre tente de faire cesser ledit un. A nous deux on doit faire plus de bruit qu'un A380 au décollage, pensée pour les voisins de la chambre d'à côté. Le temps pour moi de déteindre sur la literie de l'hôtel (en hommage à Rimbaud qui a vécu dans notre ville de destination je me suis fait teindre les cheveux en bleu comme les soirs d'été et vert comme un petit val qui mousse de rayons) et d'y oublier volontairement quelques affaires que je ne veux pas porter durant la randonnée, le temps pour Bruno de nous offrir une ultime boulette ("Paris c'est trop cher, on trouvera tout à Saint-Dizier", résultat à Saint Dizier on trouvera en effet un hannout, mais moins bien achalandé qu'un supermarché est-ukrainien à l'été 2022, avec à la place des fruits et du fromage recherchés un pack d'eau plate et une boite de café soluble probablement périmé), et nous voilà enfin à quelques minutes de retrouver Raf. Faute de transports collectifs dans cette région ravagée par je ne sais quoi, je dirais d'instinct tout, nous devons parcourir les derniers kilomètres en taxi et je pourrai donc, jusqu'à la fin de mes jours, me vanter d'avoir emprunté les taxis de la Marne. C'est con, mais j'ai le cœur qui bat. On arrive au bled convenu et il est là. On est là, on est tous les trois. Et là, à moins que vous ne soyez l'un de ces trois larrons, je n'aurai pas les tournures de phrase qui vous feront ressentir ce qu'on ressent. C'est comme si on s'était vus la veille et il y a mille ans en même temps. Trois amis réunis sur la route. Trois compagnons. Je ne sais pas si on la vaut ou non, on a au moins eu le mérite de la cultiver malgré les éloignements, mais on a une sacrée chance de se connaître et de s'aimer avec un tel talent.

Le maire du bled débarque, un maire old school qui passe au bureau le dimanche "mais vite fait parce que là j'ai un déjeuner avec une association". Présentation par l'édile de Morteville, qui a pour principal fait d'armes, ce n'est pas le cas de le dire, d'avoir été la première ville française rasée lors de la Première Guerre mondiale. La mémoire de cette guerre qui nous semble désormais loin reste ici vive, et il y a de quoi quand on a, un siècle après encore, ses ravages sous les yeux du matin au soir. Et puis enfin, on fait ce qu'on a traversé la France pour faire, on se met en marche.

Les paysages sont plutôt laids, mais on s'en fout. Nous traversons une mer de panneaux solaires, je me contorsionne pour prendre en photo les nombreuses tombes de soldats inconnus sans faire entrer dans le cadre les stations de lavage automobile et ronds-points entre lesquelles elles sont tassées. Les gens sont sympas mais à cause d'eux Dany Boon perd beaucoup en estime chez moi : cette façon si rigolote et unique de parler qui a fait son succès et sa fortune, et bien en fait c'est celle de tout le monde ici, il n'a pas été la chercher bien loin l'artiste. Parlant d'artiste nous passons devant une maison dont la véranda est fièrement décorée en hommage à Johnny Hallyday au point qu'on devrait plus parler de mausolée que de véranda : tout, des cendriers aux repose-mains en dentelle des fauteuils en passant par un spectaculaire buste en plâtre, est floqué de l'image de l'Idole des jeunes. À moto, à micro, à guitare, tout n'est que Johnny Johnny Johnny JOHNNY. Finalement, après avoir dû passer un pont pour enjamber une voie express, ou le contraire, le destin nous fait un premier clin d'oeil avec un bar ouvert 7j/7 360 jours par an où on se houblonne copieusement, et surtout quelques centaines de mètres plus loin avec un véritable havre du bivouaqueur, un petit ruisseau qui sillonne paisiblement le long d'une mini plage de petits cailloux, au milieu d'un beau sous-bois. Nous sommes un peu étonnés par le panneau à l'entrée qui nous dit grosso modo "Bienvenue, ici c'était un site d'enfouissement de déchets radioactifs mais on l'a transformé en étang, enjoy". Les locaux ne se posent pas tant de questions et y pêchent sans complexe des poissons que j'imagine à trois yeux. Les heures passent, les promeneurs s'en vont peu à peu, une naïade apparaît sur le plus beau cheval que j'aie jamais vu et s'en retourne le temps de l'avoir laissé s'abreuver à l'eau enrichie en uranium. Je me demande si on n'est pas morts percutés par un camion, ou si les effluves radioactives ont un pouvoir hallucinogène et qu'on n'est pas, rien de moins, au Paradis du bivouaqueur tellement tout est en harmonie, tellement tout est bien. Bruno nous rappelle que monter une tente ce n'est pas comme faire du vélo, ça s'oublie, on se moque. Je prends la guitarette de Raf pour donner le récital que je prépare secrètement depuis des semaines mais elle est accordée au moins 2 octaves trop haut pour ma voix et je me dis que si Hergé était encore de ce monde il se serait écrié en m'écoutant "Ça ! C'est ça la castafiore !", on se moque aussi. Raph nous mitonne un dîner de luxe avec les moyens du bord, on ne se moque pas, on déguste. La nuit tombe, on est bien, vraiment bien.

Je sais depuis ce soir que je vais devoir repartir dès le lendemain tôt : ma douce a le COVID et elle en bave, les nouvelles données au petit jour ne font que confirmer qu'elle est trop malade pour que je crapahute à l'autre bout du pays pendant qu'elle souffre le martyr avec deux diablotines en bas âge confinées sous le même toit, et je ne veux en outre pas mettre en péril le système immunitaire capricieux de Raph, car je suis bien cas contact, comme on disait à l'époque de la Grande Pandémie. J'ai eu je crois la sagesse de ne pas gâcher cette soirée parfaite en me laissant abattre, j'ai je pense celle de partir dès l'aube sans traîner après avoir annoncé à mes camarades les raisons de mon départ. Inutile de faire dans le pathos, les adieux gorge nouée et les regrets, en 10 mn je ne suis plus de l'aventure. Le problème, c'est que trouver un taxi pour revenir à Saint-Dizier - 25 mn de route si on est motorisé - le lundi 3 juillet 2022 à 7 h du matin, c'est un sacré challenge. Aucune voiture n'est disponible. J'ai dû réserver un billet non remboursable, on est en été et les trains sont pleins à craquer. Je me retrouve dans les rues de NullePartVille à supplier les gendarmes qui passent par là, les passants, les employés de la mairie, de me trouver une solution motorisée. Je vais même au tripot local et brandis devant sa maigre assistance un billet de 50 euros que j'offrirai à quiconque me conduira à la gare de St Dizier, quel que soit son taux d'alcoolémie. Las, la tournée sans fin des petits blancs du matin vaut tout l'or du monde et je ne reçois qu'un sympathique mais définitif "tu peux ranger ton billet mon gars moi je bouge pas d'ici". Je tente l'auto-stop. Dans les forêts de Mourmelon c'est passé de mode, Dieu sait pourquoi, et sans surprise personne ne s'arrête. J'ai raté mon train, j'ai perdu 100 euros. Je réserve le suivant, je n'ai plus un sou sur ma carte et si cette fois-ci je ne parviens pas à trouver une solution je suis bloqué sur place faute de finances. Je passe dans ma tête de Place des Grands Hommes à Hotel California, c'est bien plus joli mais bien moins marrant. Finalement, miracle, je dégote un taxi médicalisé, une ambulance quoi, qui me ramène juste à temps pour mon train. Comme j'ai une grosse heure de pause à Reims je vais en profiter en bon touriste pour en visiter la cathédrale. Je ne remarque d'abord pas le silence qui règne dans le hall de la gare pourtant bondée, ce n'est qu'au McDo du coin tout aussi plein à craquer que je me rends compte que tout le monde, absolument tout le monde sans exception communique en langage des signes. J'apprendrai par la suite que se tenait ce jour là le plus grand congrès de sourds au monde, et j'aurai donc le souvenir d'une ville vivante, joyeuse, et totalement silencieuse. Un silence de cathédrale, qui mérite au demeurant sa réputation. Le monde est décidément petit me dirai-je, quand je découvrirai plus tard que j'ai littéralement croisé à la gare une de mes toutes meilleures amies habituellement basée au Canada, venue spécialement pour cet événement. Son train partait 1 mn après l'arrivée du mien, c'était le même, elle a peut-être pris sans le savoir ma place....

Arrivée à Paris. Je dois récupérer le sac faussement oublié à l'hôtel et payer pour les draps et serviettes que j'ai salopés l'avant-veille. Quand j'arrive le patron est déjà furieux car un malotru vient de publier en ligne un avis sur son établissement qui dit que la déco de sa devanture est la chose la plus laide qui existe au monde. Coup de génie, j'avais moi aussi eu ce sentiment au point de la prendre en photo. Je lui dis donc d'un air outré "Mais comment oser écrire ça, votre devanture est magnifique, pour preuve je n'ai pris que DEUX photos de Paris, une de votre hôtel et une de Notre-Dame !", et je brandis mon téléphone intelligent pour prouver mes dires. L'astuce fonctionne et l'aubergiste, fierté retrouvée, m'offre les frais de laverie dont je pensais devoir m'acquitter. Le génie du crime, c'est bien moi. Une jolie traversée de la ville sur la Ligne 6 (c'est le métro aérien pour les provinciaux de ses morts), une lente descente de la France en train où je suis régulièrement et très honteusement réveillé par le bruit de mes propres ronflements, et l'aventure est définitivement achevée. Quatre kilomètres parcourus, une seule nuit de bivouac, et assez de matière pour me dire que cette marche n'a rien d'un échec, assez d'anecdotes incroyables mais vraies à radoter pour les années à venir. La sagesse populaire a une fois n'est pas coutume raison, ce n'est pas la longueur, ni même la durée qui comptent, quand les choses sont bien faites avec les bonnes personnes. Et surtout, les rêveries des prochains mois ou des prochaines années sur ce deuxième chapitre rocambolesque de la Marche seront ponctuées par les préparatifs fantasmés puis très concrets de l'Acte III : Raph a une portion de Haut-Atlas marocain à boucler pour que son défi initial soit respecté. Je ne sais pas quand ce sera, mais je sais déjà avec qui ce sera. Les trois mousquetaires, ceux que rien ni personne ne peut séparer. Et j'ai déjà hâte. On n'en a pas fini avec nous.

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02juil. 2022

Jour de fête ?

C’est le jour d’arrivée des amis à St Dizier. Normalement. A 5h30, je reçois un sms peu rassurant. « Ça va être dur mais on sera là » Je pense d’abord à une petite cuite parisienne entre les deux compères qui doivent me rejoindre. Je n’en serais pas plus étonné que choqué et je ne m’en alarme pas. Ils arriveront fatigués, voilà ce que je comprends.

Sans aucune nouvelle depuis, j’amorce le départ aux environs du leur, en train depuis Paris. Puis la nouvelle tombe… Bruno a laissé tomber les clés de leur logement dans un Uber. Impossible de récupérer les bagages, ni même d’y dormir, le trousseau est introuvable. Impossible de prendre le train. Impossible de me rejoindre aujourd’hui. Et pour moi impossible de garder le même itinéraire. Il me faut complètement repenser la journée, le trajet, le ravitaillement…

Je choisis de contourner St Dizier par la base aérienne. Le ciel se déchire au passage des avions atteignant le mur du son. Beaucoup d’avions. Victime du changement de programme, je dois rationner l’eau. Soleil de plomb le long du canal, pas facile. Obligé de passer par Villiers en Lieu pour m’équiper en boire et manger. Détour de sept kilomètres. Je m’enfonce ensuite dans la forêt avec vingt bornes dans les pattes. Je bute sur un premier portail infranchissable, fais demi-tour. Mon plan B est également grillagé. Trop de péripéties pour aujourd’hui. Presque trente kilomètres. Un petit dégagement le long de la piste sera mon cocon pour la nuit. Le repas de fête entre amis devient grignotage solitaire.

Il y a des imprévus qui n’ont rien d’excitant.

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01juil. 2022

Camping 3

La marche du jour sera courte et sans intérêt. C’est finalement ce qui en fera sa particularité. La veille de retrouvailles entre amis, aucun souci. J’arrive tôt et à point pour un burger saignant. Toujours au bord du lac du Der, mon camping est à la fois au bord de la plage et de la nationale. Mais du 5 étoiles, épicerie, resto, piscine, water-zumba, aquaponey…
Nul besoin de toutes les options. Existe un forfait zonard à 12€. L’emplacement dédié : un réduit de cinquante mètres de long et trois de large, bienvenue aux piétons et cyclotouristes. Sinon toute une gamme de mobil-homes a choisir parmi les 200 implantés ici.

Hugo Clément ne serait pas content.

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30juin 2022

Voisins

La journée grisounette par excellence. Pluvieuse aussi, on s’en serait passé. Comme il se doit, je fais connaissance avec mes voisins de camping au nombre de deux. Camper est une chose, le camping une autre…

Yves et René (prénoms changés car je ne les connais pas, c’est l’entraide anonyme) plus de 150 ans à eux deux. Deux hommes seuls, divorcés, who knows?
Ils sont là pour trois mois comme chaque année depuis un temps où on payait encore en francs. Sans se concerter, ils me proposent leurs services. « C’est logique entre campeurs » dit René. Je lui donnerai deux appareils à charger. J’emprunte la pompe à vélo graduée à mon autre voiz’, Yves. Tous deux sont ravis, je suis content.
Je monte un chap’ à côté de ma tente avant que la pluie ne s’intensifie, passant ainsi du T1 au T2 et dépose mes effets dans la pièce à vivre, everything is safe.
Le reste de la journée, il est onze heures du matin, ne sera fait que de grands projets, entrecôte sauce Chaource, maxi-sieste, goûter, cuisine…

Et j’attends d’être derrière la pluie.

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29juin 2022

Camping 2

Je traînasse torse poil au camping de La Croix Badeau jusqu’à 11h. Entre le beau soleil, les lessives et les cafés en compagnie du sympathique gérant Christophe, le lieu me colle à la peau. Je me chauffe durant quelques kilomètres sur la route jusqu’à Anglus où je ne peux m’empêcher de penser à AC/DC. Ensuite une grande piste forestière. Puis vient le moment délicat d’une jonction par un chemin noir. Le premier qui devrait le faire ne le fait pas. J’explore la forêt et remarque une parallèle, un sentier mieux entretenu, si on peut dire…500m à serrer les dents jusqu’à rattraper un chemin blanc, le bon.

Comme Pierre Barthes, je fais le break avant de m’attaquer à un tronçon sans aucun arbre, sans la moindre ombre. Mes réserves d’eau diminuent et je passe Montier en Der sans m’en rendre compte. Mieux vaut le camping, acte II donc. L’accueil y est plus anonyme que la veille mais le gigantesque lac éclipse le peu de sourire de la réception.

Coucher de soleil en règle.

Reste 20km jusqu’à St Dizier, demain repos.

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