Une allure fondamentale

Entre 2 et 6 km/h, c'est là que se situe l'allure fondamentale. Ce blog en fait l'éloge...

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28juin 2022

De faible durée radioactive

Le beau temps est revenu, c’est une bénédiction. Je quitte Bar sur Aube bien ravitaillé, prêt pour les 70 km qui me sépare de St Dizier, le prochain rendez-vous des amis ce samedi. Je prends mon temps mais je progresse vite. Je dois toutefois à plusieurs reprises faire demi-tour. Certains « chemins noirs » ne mènent nulle part et le hasard m’invite à viser Soulaines Dhuys où il y a le seul camping à la ronde. Et une lessive ne serait pas de trop.

C’est encore la route du Champ’

A Arrentieres, aucun commerce, que des producteurs de bulles. Je finis mon dénivelé positif du jour par une halte « saucisse perche ». J’ai bu quatre litres, ombre rare et soleil brûlant. Je descends sur Fresnay. Village entouré de champs de chanvre, des hectares… J’essaie de refaire la pochette du disque de Peter Tosh sans vraiment y arriver. Puis Ville sur Terre qui n’en a que le nom. Enfin Soulaines Dhuys, bled mignon aux vieilles pierres. Mais à moins de 5 km, la carte IGN indique deux centres de stockage. Stockage de quoi? Google valide mon intuition, il ne s’agit pas de compost…

Bonne ambiance au camping. J’enfile mon maillot de bain, pique une tête dans la piscine. Je suis Patrick Chirac. Glace, bière, frites, j’exploite toutes les options du snack. J’attaque donc une lessive et ne tarde pas à aller m’étendre sur ma couche

Demain, il fera beau.

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27juin 2022

Champagne

Le régime pluviométrique évolue peu, on alterne entre rideau et mur d’eau. Le nomade n’aime pas la pluie. La CB offre quelques heures de répit dans un hôtel quand c’est possible. A Clairvaux, vraiment rien de folichon mais cette chambre m’a probablement sauvé d’une nuit difficile.
Alors je tournicote en attendant une brève parenthèse. Depuis mon lever à 6h, ça laisse du temps, il est 10h30…Je me jette à l’eau, c’est vraiment le cas de le dire.
J’ai choisi cette fois de retrouver mon itinéraire prévisionnel en gagnant Bar sur Aube par la pampa. En fait la pampa est une éponge. Les « chemins blancs » ont du mal à encaisser la douche continue des trois derniers jours.
La seule portion d’un kilomètre non carrossable du GR est un enfer si on imagine les flammes en gouttes d’eau. Une montée/descente très raide, mon allure passe de 4km/h à 4 pas/mn. De l’autre côté, c’est la Champagne.
L’appellation, c’est du blé dans les poches, plus question d’en planter, me voilà dans le raisin.
A Baroville, c’est le porche de la mairie qui servira d’abri pour la pause grignotage. La fin jusqu’à Bar sera plus sèche. J’arrive assez tôt pour faire un safari photo. Il y aurait de la matière avec quelques hominidés alcoolisés mais je me contente du patrimoine bâti. Entre les « fermés le lundi » et les « fermés cause Covid « , pas beaucoup d’options pour le dîner. Je vais pour l’assiette mixte du kebabier.

Oldschool fashion

Une valeur sûre de la grolardise. Qu’on se le dise.


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26juin 2022

Rideau de pluie

Déluge de nuit, la même au réveil. Le cauchemar du randonneur. Par la forêt, ce sera une épreuve de force dans la boue. Je suis donc l’asphalte des petites routes désertes de la vallée de l’Aube. Pas âme qui vive à Villars en Azois. Même le distributeur à pain est vide à La Ferte sur Aube. Le temps s’assèche, moi aussi.
Je ferai halte ce soir à Clairvaux, une Abbaye, une prison, un hôtel.
Je prends possession de la chambre sèche dès le début d’aprem. Direction le marché monastique pour la seule éclaircie delà journée.
J’y achète un babybel fait par des moines, le resto est fermé ce soir, ma salle de bain se mue en réfectoire.

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25juin 2022

Laissé seul

Pour clore ce bout de périple avec Olivier, j’avais réservé une chambre d’hôtes à Montigny. Bien plus facile quand on doit rentrer à la maison le lendemain comme mon compagnon de chemin. Janice et Phil, deux Écossais fort sympathiques nous ont choyés depuis la veille comme leurs enfants. Ce matin, c’est le temps des bye bye, séance photo de rigueur, chacun sa route disait Tonton.
La mienne devait être forestière, mais l’alerte météo la fera plus routière. J’essaierai de trouver un abri à Cunfin, qui sonne déjà comme le bout du monde. Un lavoir, une grange, un préau, je ne suis pas difficile.
J’y arrive sous un soleil brûlant et un air saturé d’humidité. C’est la fin du service pour le resto du pays, seul commerce réunissant poste, épicerie, presse…Olivier, un autre que le mien, le boss du bistro, m’ avertit que les trois lavoirs du village seront inexploitables, un détruit, un inondé et un autre dont il ne préfère même pas parler…
Il me conseille d’aller sonner chez le brasseur, à deux pas, qui pourrait dépanner un coin de grange. Mais un ancien du bled intervient pour m’indiquer la Chapelle Ste Anne, munie d’un auvent. Je vérifie l’info grâce aux outils numériques du monde moderne, ce sera parfait, à un kilomètre, dans la forêt, et sur ma route de demain. J’y bâtit un bivouac serré, la partie abritée peut à peine accueillir tente et effets.
Le ciel menace et La Chapelle ne tarde pas à s’en prendre plein la gueule. Un peu l’apocalypse, je suis blotti en haut des marches, ma Carrossa ne fait pas la maline non plus. Puis une pluie continue, le menu des deux prochains jours…


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24juin 2022

Mon beau pilote

Tournesol, blé, tournesol, blé, Tourneblé. C’est le dernier jour de marche pour Olive. Il aura poussé la charrette tout le temps, tous les jours, me mettant au chômage avec sa bienveillance sportive.

Nous atteignons Courban pour la pause méridienne. La pluie menace encore et une fois de plus, nous cherchons un abri. Nous croisons un très jeune maire qui nous fait profiter des équipements de la mairie. Il pleut et nous mangeons au sec. Avec un pilote à mon service, la suite jusqu’à Montigny sur Aube n’est qu’une formalité. Nous réalisons nos fantasmes d’expressos et de glaces chez…le boucher! Olivier, décidément mon ange gardien décide d’aller me faire des courses, il y a une épicerie à trois kilomètres. J’accepte évidemment. Et je reste assis chez le boucher à écouter les nouvelles du pays.Le voisin ramène un chien de la SPA pour lui offrir du bonheur. Je pense à mon Beagle de même provenance, sorti aujourd’hui de clinique avec un bout d’estomac en moins.

BrOlive, merci pour la balade bourguignonne .

J’aime pas les fins alors je pense aux suivants, dans une semaine, encore de solides amis.

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23juin 2022

Shortcut

Nous quittons l’Hôtel du Roy d’Aisey sur Seine direction Vanvey. Le réservoir plein grâce au petit déjeuner complet du chef.
Les ravitaillements sont depuis le début bien compliqués. Le désert de Touillon, l’épicerie aux rayons vides de Coulmier le Sec, rien d’autre qu’un hôtel-resto à Aisey.
Ces communes se sont vidées, à chaque fois un grand nombre de maisons anciennes, de bon standing, fermes et granges de gros calibres également abandonnées. Il y a eu mais il n’y a plus…Les parcelles agricoles sont maintenant gigantesques, on y cultive pas grand chose. Trois jours que nous ne voyons que du tournesol et du blé…et que nous ne trouvons pas de fruits.

Après savante étude topographique, il s’avère que les « Voies d’Aisey « nous mènent tout droit à Vanvey raccourcissant franchement l’itinéraire initialement prévu. On devra y trouver un abri, les cumuls de pluie annoncés font peur à voir.
Il n’y a rien à Vanvey. Aucun commerce, aucun service si ce n’est poste et mairie.
Nous allons montrer pâte blanche à la mairie. Nous y croisons la plus haute autorité qui nous invite à installer notre campement soit au vieux lavoir, soit sous le préau de la très récente salle des fêtes. Nous choisirons la modernité. Mr le maire nous invite également à remplir nos bouteilles, l’eau des robinets publics étant coupés, comble de la désolation, « par précaution »
Le préau est juste parfait et nous savourons l’orage avec délectation, véritablement des murs d’eau.
A l’accalmie, nous partons chacun de notre côté pour « essorer le bled » , Oliv revient avec quelques bières, une dame qui taille ses rosiers m’offre des cerises de son jardin, délicieusement faites au sirop. La veillée tentera d’être digne d’une salle des fêtes.
Aujourd’hui dans le pays, seul le temps n’est pas sympa.


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22juin 2022

Pleins dans le vide

La grêle tant redoutée nous a laissés tranquilles. Tranquilles mais mouillés. Nous plions le bivouac, à la hâte pour le chargement de la carriole, sous une pluie qui s’épaissit. Nous progressons entre jaune et vert. Jaune pour le blé, vert pour le tournesol. Parce que c’est la Côte d’Or et parce que c’est la guerre en Ukraine. Mais le blé me semble de taille réduite. Et le tournesol planté tardivement pour répondre à l’opportunité. Le nom même de Coulmier le Sec nous promet une accalmie. Les rayons de la seule épicerie du bled sont également bien secs…Olive ressort avec chips et Coca alors que nous rêvions de fruits frais. Notre fantasme de fructose se transforme en avalanche de glucose…Mais ces espoirs déçus ne seront que passagers puisque nous réservons une chambre sèche à Aisey sur Seine. Le seul commerce si on excepte le boucher ouvert les mardis et vendredis. Le village sent bon un passé florissant, les maisons sont vides, les rues désertes…Quant à notre estomac, il ne restera pas vide, escargots, filet de bœuf aux morilles, charlotte aux poires pour occuper les lieux!!



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21juin 2022

Revoir Montbard

C’est après une excellente soirée et un tendre bisou « quai de gare « que l’aventure recommence enfin, la simple joie de mettre un pied devant l’autre.

Première épreuve de force à la sortie de Montbard, la route devient chemin puis sentier. Nous devons passer un « saut » qui nous oblige à décharger les 40kg de notre charrette bien remplie. Un parfum d’escalade malodorant pour notre véhicule. L’affaire nous prend un temps fou et à midi, nous n’affichons que trois kilomètres au compteur.

La suite jusqu’à la magnifique Abbaye de Fontenay se fera également dans l’effort… Un employé de la mairie de Touillon nous confirme l’absence de commerces et nous invite à remplir nos bouteilles. Seul signe de vie humaine dans ce village désert, autrefois animé, cela ne fait pas de doute. Le réseau Orange utilisé par Olive n’offre aucune connexion. Nous trouvons notre spot de nuit, entre champs de blés grillés et forêt épaisse. La pluie menace encore mais ventre plein et jambes lasses nous invitent au repos sous notre toile. Un sommeil lourd nous tend les bras…

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20juin 2022

Marcher encore

Marcher encore

Tente Matelas Duvet, ça va ensemble
Couteau Réchaud Popote, ça va ensemble
Bassine Éponge Lessive, ça va ensemble
Zoom Canon Apple, ça va ensemble
Short Casquette Tshirt, ça va ensemble
Guitare Clochettes Woodblocks, ça va ensemble
Visa Passeport Liquide, ça va ensemble

Tout est prêt pour une nouvelle tranche de marche en direction du Nord. Previsionnellement pour deux mois environ. Interrogations classiques
Où ?
Bourgogne, Champagne, Ardennes, Belgique, Pays Bas. Départ de Montbard en Côte d’Or. C’était l’arrivée de ma traversée du Morvan en 2018
Quand ?
Demain, pour le solstice. Comme toujours, les astres se chargent de fixer le jour du départ. Facile, quand on ne sait pas quand partir…
Pourquoi ?
La Grande Question, pas de réponse objective possible. Mais le chemin guérit le corps et nourrit l’âme.
That’s a fact.

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01juin 2021

VICHY

Même avec peu de connaissances en géographie, on s'imagine facilement la proximité entre St Yorre et Vichy. La simple joie d'arriver dans une ville d'eau par la rivière. Lundi de Pentecôte, beau temps : les bords d'Allier sont déjà bien fréquentés à la mi-journée. A moins d'une heure de pagaie en amont, seules quelques carpes s'agitaient. Merci Oliv pour la balade. Quelques kilomètres de plus vers le Nord. Still by fair means.

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31mai 2021

ÇA VA FORT

Nous n'avons qu'une obligation pour cette journée : avancer le plus lentement possible. Sous peine d'arriver dès ce soir, ce qui nous priverait d'un bivouac de trappeur, récompense de la journée de canoë. Nous nous attelons donc consciencieusement à cette unique tâche en ne pagayant que le minimum. Sur une rivière plate et avec un soleil estival, c'est presque une séance d'hypnose erikssonnienne. Le courant nous emmène, insensiblement. Pour ralentir encore, nous faisons quelques pauses, prenons quelques poses. Pas trop tard nous commençons de scruter les berges pour le nid de ce soir. C'est aux environs de St Yorre (Salutations à Patrick Sabatier pour qui ça ne va plus très fort) que nous trouverons notre promontoire pour la nuit. La suite de notre programme : manger du canard mort, se faire manger par des moustiques vivants. Il y en a pour tous les goûts.

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30mai 2021

CREVANT LA VEINE

Rien mis sous la semelle depuis l'automne 2018 et la sortie du Morvan. J'avais abordé ce massif en forme de patate depuis Moulins, esquivant ainsi une partie de Pont du Château (aux environs de Clermont-Ferrand) jusqu'à la préfecture de l'Allier. Ce parcours avait volontairement été mis de côté dans l'idée d'une micro-aventure ultérieure. En canoë sur l'Allier, c'était le projet. Canicule annoncée ce week end, mince créneau, mais suffisant pour atteindre Vichy depuis le pont de Joze. Il n'en fallait pas plus pour convier Oliv et gonfler les bateaux. Passage chez le boucher de Murol, au Super U de Pontduch, les invités de marque : glacière et grille BBQ . Extravagances carnées de rigueur. Embarquement sous le pont de Joze à la mi-journée, la température de l'air est conforme aux prévisions, bien trop élevée pour la saison. Celle de l'eau insuffisante pour une baignade, encore climatisée par les fontes hivernales. Ragondins et hérons sont surpris de nous voir, cette portion d'Allier reste peu fréquentée par l'homme et ses embarcations. La rivière évolue dans le lit d'une plaine surexploitée mais ses berges sauvages constituent un refuge pour la faune locale. Avec l'ouverture de la pêche revient pourtant le temps de quelques visites, dont nous faisons partie. Mais voilà qu'un battement continu se fait entendre à l'approche de Maringues. Un gros beat de techno, c'est maintenant évident, plutôt rive droite non loin de Crevant Laveine. Nom prédestiné à une free party de plein air. La musique digitale va et vient à nos oreilles au gré des lacets de la rivière. On croise sur la rive les premiers hominidés participant à la fête. Quadragénaires sympathiques et mal rasés, pas trop perchés. Ils nous souhaitent la bienvenue, proposant le passeport merguez/bière pour entamer les salamaleks. Comment leur dire qu'une cérémonie infiniment plus calme se prépare à quelques heures de pagaie en aval... Ribs au feu de bois, bière fraîche, moustiques. Presque le ronflement des castors.


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09oct. 2018

Çà, c'est Montbard

Mon dernier jour de cette semaine de marche.

La brume qui peine à se lever invite à l'introspection. Les pas dissipent les mauvaises pensées. Et, alors que je n'atteindrai Montbard, ma destination finale, que dans l'après-midi, je songe déjà à la prochaine session qui en partira.

Pourquoi pas en vélo. Car c'est du plat qui m'attend, comme ces deux derniers jours de marche. Pourquoi pas jusqu'à Bruxelles où des amis pourront garder le vélo. Et pourquoi pas repartir de Bruxelles jusqu'à Amsterdam en rééditant l'opération stockage de vélo.

L'imagination va bon train tout en évitant l'écueil de l'utopie qui ralentit l'espoir. Comme l'appétit vient en mangeant, les idées viennent en marchant. Viendront elles en pédalant? Ce sera l'occasion de vérifier. L'excitation est là, c'est déjà un bon présage.

J'arrive à Montbard à 15h J'arrive au Bar à 18h Et savoure une bière de légionnaire, au goût de la mission accomplie.

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08oct. 2018

Francis La Lame

Autoroute Lyon-Paris, TGV, champs de patates, de maïs... Demandez le programme jusqu'à Semur en Auxois...

Le long de la ligne à grande vitesse, un gros sac poubelle. J'ose le toucher du bout du pied. Un cadavre à l'intérieur. Je passe mon chemin sans vouloir en connaître la nature...

La voie ferrée désaffectée et sa trajectoire directe, qui m'apparaissait d'abord comme la bonne idée de la journée, s'avère impraticable au bout de quelques centaines de mètres. À moins d'être en possession d'une machette. La taille des ronces traduisent une utilisation précolombienne de ces rails... Et je choisis bêtement de longer la départementale pour les dernières longueurs, renonçant tristement à la poésie post-industrielle du chemin de fer abandonné.

Semur en Auxois me réjouit. La désuétude encore. Mais non sans charme. Château, belles bâtisses, sols pleureurs. Je sillonne la vieille ville de bas en haut avant d'atteindre mon hôtel et me réconcilie avec cette journée.

Au Bar de la Poste, la bière est fraîche. L'allure du client suivant l' est nettement moins. Vieux punkrockeur androgyne rescapé d'années d'acide. Collant moulant, rangers aux pieds, chevalières aux doigts, sous-pull panthère, sac de babeloche à clochettes en bandoulière et lunettes de soleil façon David Bowie. Un look aussi inclassable que dégueulasse. Mais très travaillé, le bonhomme sent bon et veut être vu. Complètement givré, en phase avec son accoutrement, il dit à peu près n'importe quoi et interpelle les premiers amateurs d'apéritifs qui finissent tout juste leurs journées de travail. Il veut que tout le monde soit " punk " et chaque nouvel arrivant a le droit a son sermon, la gêne est palpable devant l'agressivité de la requête. Tout le monde semble connaître l'individu. Une star locale donc. Qui sort son couteau à qui veut bien le voir. Un exhibitionniste de la lame. Les gens du coin s'écartent et sourient. Politesse méfiante.

Visière enfoncée, je règle mes dettes et fuis l'onde malfaisante de ce dégénéré. Direction resto.

Le revoilà alors que je trempe mes lèvres dans un expresso. Il se fait refouler, il est 21h. Il menace le patron. Je me lève et m'interpose pour payer mon repas. Il dit vouloir tout défoncer. Je fixe son regard, lui annonce qu'il n'en sera rien et qu'il ferait mieux de faire demi-tour, à moins de consentir à oublier pour toujours le bonheur de croquer dans une pomme. L'intimidation porte ses fruits, il dégage. Le patron se déride, m'offre le café.

L'orage est passé. Les clients attablés relèvent fébrilement les yeux de leurs smartphones.

Je lève le camp. Comment croire à la poésie du réel?

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07oct. 2018

SANCHO

Le déluge d'eau annoncé n'a pas eu lieu. Certes, un peu de pluie cette nuit. Un dimanche d'automne un peu gris. Quoi de plus normal finalement.

Fraîchement fortifiée par ma traversée du Morvan, ma fibre de résistant me fait enfiler short et claquettes pour le petit déjeuner. Tout simplement le meilleur jamais mangé.

Le repas de la veille m'avait déjà mis la puce à l'oreille. A la fois raffiné et relax, très personnel et inspiré. Mais ce que je vois repousse les limites de la force de l'intention. La partie gauche du buffet est consacrée au salé : jambon à l'os, fromages de pays. mais aussi des oeufs à la demande : coque, au plat, brouillés... A droite, le rayon boulangerie pâtisserie. Tout y est fait maison. La baguette, le pain complet, la brioche, les croissants, le gâteau de Savoie, le pudding... Je navigue pendant près d'une heure entre cafetière et buffets, espérant vainement pouvoir tout goûter...

Au moment de quitter Rouvray et ses petits déjeuners gastronomiques, je croise Sancho, un cochon noir, dans la cour intérieure. A peine plus loin, son propriétaire, le chef cuisinier. Le fameux. Je le félicite pour son travail et nous discuterons la demi-heure qui suivra. Partage de valeurs et de recettes, nous nous comprenons rapidement. Je l'invite à un apéro en Auvergne en portant mon sac au dos.

Aujourd'hui, seulement une petite quinzaine de kilomètres. La forêt n'a plus la part belle. Des champs cultivés. Puis une rumeur au loin. L'autoroute A6 que je traverserai demain. Ce soir, j'ai la ferme de Forlonge pour moi tout seul.

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06oct. 2018

MON FILS À L'OFFICE

J'attends la caresse thermique du soleil pour mettre un pied devant l'autre et recommencer. Car malgré les progrès technologiques époustouflants de ces dernières années, ça reste la meilleure façon de marcher.

Une dizaine de coups de feu pendant le premier kilomètre me dissuadent de prendre le maquis comme initialement prévu. On connaît l'adresse légendaire des chasseurs européens du XXIème siècle. On vise moins bien quand on a pas faim. La semaine dernière, un cycliste s'est fait abattre sur un GR. Et on sait que bien peu d'adeptes du deux roues arborent un déguisement porcin pour leurs promenades dominicales, et pourtant... " Demain, un dernier jour dans le Morvan! " me disais-je encore hier...

Je continue malgré tout mon bonhomme de chemin sans me soucier des balles perdues.

Chemin qui m'emmène à l'Abbaye de Pierre qui Vive pour la dégustation de mon panier repas prudemment commandé la veille. Un lieu pour l'esprit, j'y soignerai mon corps.

Une bonne soeur dévale le talus à pas de chat pour se rendre à la messe de la mi-journée. Elle me propose un pique-nique spirituel en me conviant à l'office. Je ne sais que répondre et souris bêtement à cette vieille nonne aussi sautillante que sympathique. Après avoir balbutié quelques mots d'excuse malhabiles, je file avaler mon sandwich dans les jardins de l'abbaye.

Rouvray apparaîtra en milieu d'après midi et marquera la fin de ma traversée du Parc du Morvan.

Un chic hôtel rempli d'amateurs de bonsaïs, un verre de St Véran. Me voilà en Bourgogne!

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05oct. 2018

CA MARCHE

Je quitte le ranch après quelques cafés.

Après avoir traversé une clairière de sapins de Noël déjà étiquetés, je m'enfonce rapidement dans la forêt. Une forêt moins druidique que dans le Sud Morvan. Un parfum de Pilat ardéchois.

Je me lance en cheminant dans une réflexion linguistique, discipline pour laquelle je n'ai aucune compétence.

Les verbes Aller / Marcher / Faire m'interpellent. Et comme ce que je Fais, c'est Aller en Marchant...

Marcher, c'est mettre un pied devant l'autre, avancer. Marcher, c'est fonctionner. Mon frigo marche. Mais "je vais bien" ou "je vais à Rio". Marcher c'est aller. Pour un latin, ça va bien quand ça avance...Pour un anglophone, un frigo marche quand il travaille. Une personne va bien quand elle fait bien. La marche à pied et celle de l'appareil à raclette n'ont pas obligation à cohabiter dans le même mot...

Cette fantasque quête sémantique m'occupe une bonne partie de la matinée. St Brisson marque la fin de ma fièvre étymologique. Trois rues goudronnées, pas une âme en vue à cette heure méridienne. L'étang à la sortie du hameau m'offrira un peu de fraîcheur pour ma pause casse-croûte. L'élevage de cerfs derrière la clôture me fournit des compagnons de tablée. Moment de douceur avant de finir l'étape du jour à destination des bords du lac de St Agnan.

Une auberge pour la nuit, rien à des kilomètres. Un savoureux repas...Presque le songe d'une nuit d'été...

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04oct. 2018

RESISTANCE

La purge de la veille n'aura eu d'effet que d'aiguiser mon appétit. Le petit déjeuner est cette fois à la hauteur et j'attaque la promenade du jour par de nombreux allers-retours au buffet.

La journée sera estivale. De bonne augure quand on se dirige vers le lac des Settons, haut lieu touristique morvandiou.

Mais d'abord, traverser le maquis Bernard, poche de résistance à l'occupant durant la deuxième guerre. Ici, on s'est battu à mort, le petit cimetière au milieu des feuillus en témoigne. Entretien irréprochable, la mémoire est encore vive. Les rayons du soleil, presque horizontaux en ces matins d'automne, se font raboter par les résineux, filtrer par les feuilles des hêtres encore vivaces, et finissent leur trajectoire au niveau des tombes dans un contraste lumineux saisissant, entre fleurs fraîches et feuilles sèches.

Le lac des Settons ne tarde pas à montrer le bout de sa berge au farfadet que j'étais ce matin. Je dois maintenant prendre la casquette de plagiste. Au menu : pique-nique, torse nu, pieds dans l'eau, lecture et pédicure. Programme étonnamment estival...

La suite des évènements répond à une mécanique désormais bien rodée : voir où on dort / prendre une douche / boire un coup et échanger quelques mots / manger / dormir. En saupoudrant le tout de quelques notes et de quelques connections internet, on a la recette d'une fin d'après midi...

Alors ce sera La Vieille Diligence pour l'hébergement, ancien relais de poste transformé en ferme équestre.

Je m'y lave soigneusement et arrive beau comme un camion au PMU du Lac. Quelques deniers pour une boisson américaine au cola, quelques autres dans la caisse de la Française des Jeux. Aucun congénère francophone, je stocke ma salive pour une autre discussion.

Seul pensionnaire du gîte, je ne m'attarde pas à table.

J'honore mon repas et part profiter de la puissance de la fibre dans mes appartements.

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03oct. 2018

LES PETITS PAYS BAS

J'attaque ma ballade d'automne en sifflotant.

Je traverse l'Yonne sans même penser à Emile Louis, la rivière est insignifiante. De grandes propriétés jalonnent le parcours, les propriétaires sont hollandais au vu des plaques de voitures. Brouillard et vieilles bâtisses.

Mon esprit vagabonde entre mysticisme druidique et faits divers sanglants...

Une cabane de chasseurs me ramène à la réalité. A l'intérieur, tables, chaises, bouteilles vides et femmes aux seins nus accrochées au mur... Ouroux en Morvan n'est pas loin, ce sera l'étape du jour. Un Hôtel du Lion d'Or comme il y en a des centaines en France.

Un traditionnel apéro pour fêter mon arrivée en ville. Non moins traditionnel que les Lions d'Or, un Café des Sports. Bar encore vide, patron hollandais. Mais ça se remplit. Pas un mot de français. Le garagiste arrive, lui aussi hollandais. Je me sent vraiment en vacances. C'est lui qui m'expliquera dans un parfait français le pourquoi de cette vague de migrants. L'état néerlandais a débloqué des fonds pour les candidats au départ, dans le but de lutter contre la surpopulation d'un territoire trop petit. Les opportunités immobilières d'un Morvan dépeuplé ont sans doute pu faire pencher la balance quant à la destination de l'exode...Jusqu'à ce que la communauté représente 10% des Ourouxois!! Il m'avoue, sans la moindre fierté nationale, que cette part s'envole à 40% les mois d'été...

Les éléments de l'enquête sociale réunis, je file prendre mon repas à l'hôtel.

Un menu abject que je remettrai au coeur de la nuit à l'endroit qu'il n'aurait jamais dû quitté, la cuvette des chiottes.

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02oct. 2018

Retour en Morvan

Mon Allure Fondamentale me conduira cet automne en France, à Château Chinon, que j'avais laissée il y a deux ans après une course pluvieuse depuis Moulins. Cette fois, j'en partirai. Pour atteindre Montbard, près de Dijon, une semaine plus tard. Ce qui devrait réduire le compte à rebours kilométrique jusqu'au cercle polaire d'un peu plus de 130km.

La journée se place sous le signe de la désolation. Le trajet en train de Clermont ferrand à Nevers est, d'un point de vue agricole, apocalyptique. Les champs brûlés défilent, exterminés par la sécheresse d'un été millésimé. Seuls les pommiers, garnis de leurs fruits rouges, brisent cette monochromie aveuglante. A l'arrivée, Château Chinon semble aussi vide que le bus qui m' y a conduit. La moitié de cette petite ville est à vendre, la gloire du passé a trépassé. Boucheries, merceries, cordonneries, épiceries, tout y est passé...

Au mois d'octobre, les jours sont courts et j'ai choisi le confort des hôtels pour mon pèlerinage automnal. Le premier de la liste, je le connais : le Vieux Morvan et son charme (à débattre ) désuet... Rien n'a changé depuis mon séjour en 2016. A la fois, rien ne semble avoir changé depuis bien longtemps

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