Une allure fondamentale

Entre 2 et 6 km/h, c'est là que se situe l'allure fondamentale. Ce blog en fait l'éloge...

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06août 2022

Gravenzande

C’est le début du week-end et le canal jusqu’à Hoek van Holland est déjà très fréquenté. A l’arrivée, des ferries en partance pour l’Angleterre, un mix port/plage à l’esthétique douteuse. J’ai pris rendez-vous avec Aafke et Rene les proprios du studio pour 14h30. Sur LA place de Gravenzande, Je m’offre l’encas star en Hollande, le duo bière/bitterballen. Puis je fais connaissance avec mes hôtes, sympas comme tout. Ils prêtent des vélos. Je saute sur l’occasion puis sur la selle et go to the beach. Pour la soirée, petit plateau repas surinamais devant la téloche, je peux au moins comprendre la météo, optimale.

Et demain c’est copain.

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05août 2022

Pause

Déjà assez de retard dans mes prouesses d’écriture pour en rajouter. Du repos. Manger, dormir. Maassluis est calme, ça me détend.

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04août 2022

Pari (presque) gagné

Prendre rendez vous à Gravenzande, non loin de Rotterdam, pour le 7 août aura été un petit défi et un moteur. Réserver un studio pour deux jours, une première pour moi, et un pari. Mais il y a aussi le côté rassurant de l’objectif à atteindre puisque mon logiciel interne n’est malheureusement pas encore formaté pour l’errance poétique, on ne se refait pas. Plus qu’une cinquantaine de kilomètres à faire en trois jours. Sprint intermédiaire, je décide de les faire en un jour et demi pour ménager un jour de repos à Maassluis, à 35 km de là où je me trouve. Je réserve l’hôtel et le paye comme on achète des carottes pour faire avancer son âne. Après une courte partie bucolique sur des routes de campagne, c’est très vite l’ambiance de Rotterdam qui se profile, un parfum d’Anvers pour moi. Du béton, des usines, des canaux, des cargos, des containers. Je mange les kilomètres plutôt sportivement jusqu’à Rozenburg où m’attend une courte liaison par bateau pour atteindre ma destination du jour. Mais c’est encore une fois en fin d’après-midi que les surprises arrivent et rarement les bonnes, jamais le matin… Le pont principal et donc l’accès direct au port est fermé pour travaux. L’analyse topographique sera aussi simple que douloureuse. Il faut contourner toute la ville par la zone industrielle pour rejoindre le prochain pont. Les deux kilomètres restants se transforment en dix dans un décor bien peu sexy. Je mange un peu, je sais aussi que c’est dans ces moments qu’un coup de mou survient. Je marche avec l’enthousiasme d’un emballeur de cartons. Heureusement, la machine sera sans faille et je ne perds pas de temps. 38km. Mon arrivée à Maassluis à la saveur d’une grande arrivée. Je me gâte en pensant à la suite.

Un ami, du beau temps, la mer, les dunes, avancer, sereinement.

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03août 2022

Quitter la Zélande

Je fais la connaissance de l’épouse de Peter, qui m’a accueilli la veille, autour du petit déjeuner de mes voisins les poneys. Puis je salut le patron d’une poignée de main virile en quittant le camping. Beaucoup de vacanciers sur l’itinéraire côtier, du kitesurf toujours aussi. Escale mignonnette dans un petit port de plaisance pendant l’heure chaude. Je fais le plein dans une station Gras/Sel sous un parasol. Je continue mon chemin, anesthésié par la chaleur, plombé par une digestion difficile. Je quitte ensuite le bord de mer pour rallier un camping au nom difficilement prononçable. Un camping immense et carré, un quadrillage parfaitement entretenu. Heureusement et comme souvent le coin des « sans élec » ne ressemble pas aux autres emplacements. Je choisis la suite royale derrière le bosquet, seul face à l’Est, garantissant un pipi matinal de haut standing. Et ce soir j’ai même droit au room service puisqu’un voisin cycliste m’amène un plat de riz au légumes prêt à être dégusté. Effectivement il s’agissait d’un repas pour trois. Je lui offre la moitié d’un melon en retour pour finir de nous soigner. Je laisse les endorphines parachever le boulot jusqu’à la fracture des paupières.

Qui ne connaît pas ce produit doit essayer d’urgence.

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02août 2022

Ponts et chaussées

Mon voisin de camping m’avait déjà comblé de joie hier en m’offrant deux œufs. Le revoilà ce matin avec une tasse de café chaud. Déjà le quatrième pour moi tandis que lui ouvre à peine l’œil. Je me fais aider pour trouver mon camping de ce soir, sans succès, tout est complet. J’envoie quand même un mail expliquant ma situation particulière avant de quitter les lieux. J’attaque aujourd’hui le chapelet d’îles zélandaises toutes reliées entre elles par la route, toujours séparée entre autos et vélos. Avant d’atteindre le bord de mer, je me ravitaille dans une boutique de produits fermiers. La piste longe la côte balayée par un fort vent d’ouest. Les kites sont de sortie, par centaines. J’imagine Gulliver avec une tapette à mouches…Également difficilement dénombrables, les éoliennes sont partout. Je n’arrive pas à y voir une pollution visuelle, elles semblent avoir toujours avoir été là. Quant au dérangement sonore, il est quasiment inexistant, ce moulin moderne développant moins de décibels que le moteur d’une voiture thermique au feu rouge. Mais en France, on semble trouver toutes les raisons de continuer la manipulation de l’atome, dommage. Je me régale de cette journée où l’homme et la nature marchent main dans la main d’un point de vue énergétique. Mon mail du matin n’est pas resté sans réponse. Bien que complet, le camping Eschdoorn pourra m’accueillir, car je n’ai pas de grands besoins et c’est ce qui fait ma grande richesse. L’entrée dans la station de Westenschouwen signe la pause goûter, des « poffertjes », pancakes de trois centimètres de diamètre arrosées de beurre et de sucre. Peter me reçoit ensuite dans son mini camping. Seul bédouin n’ayant besoin que de soleil pour recharger mes appareils, je choisis mes voisins, des poneys dont je comprends largement aussi bien le langage que celui de leurs propriétaires.

A sourire équivalent, je préfère les herbivores.

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01août 2022

Carrossa

On change de mois, on change de semaine, fin de la sixième sans que je n’y prête vraiment attention. Une parenthèse en marge de la vitesse du monde. Des jours entiers à être le plus lent. Mais comme l’escargot, je ne recule jamais. Et le fait de mettre un pied devant l’autre procure systématiquement la sensation d’avancer. Le progrès est facilement palpable, mesurable. Et c’est gratifiant, contrairement à beaucoup d’activités de la vie normale. Je repars donc rassuré par l’inconnu.

La sortie de la ville de Vlissingen est magnifique, la piste cyclable alternant entre devant et derrière une dune qui semble en ce plat pays une chaîne de montagnes. Quand le chemin s’enfonce un peu dans les terres, l’ambiance change. Beaucoup de plagistes à vélo, des campings, des villages de vacances. Villages des fois si grandes qu’on dirait un vrai. Un monde artificiel où rien ne manque. Seule l’absence d’église rappelle cette réalité factice. Et, chance dans le malheur, c’est au beau milieu de ce Club Med géant et ouvert sur l’extérieur que la carrossa choisira de faire des siennes. Je reconnais le cliquetis des rayons qui se desserrent, prémices d’une avarie de plus grande ampleur. La visite chez le docteur s’impose. Et contrairement à notre pays, royaume de l’auto, ici, pas de désert médical quand il s’agit de bicyclettes. Moins de 500m et voilà l’atelier, du calibre d’un garage pour véhicules à moteur. La première série d’examens révèle une voilerie des deux roues latérales. Je paye pour les premiers soins et demande du même coup pour le changement des deux pneus, usés jusqu’au fil. Une demi-heure au bloc opératoire et la charrette ressort fringuante, à la limite du sourire aux lèvres car la boutique ne propose que le meilleur modèle de pneumatiques. Nous fêtons ce reboot par un délicieux sorbet. Un peu retardé, je dévie de mon trajet prévu et coupe par l’intérieur. Je rencontre Patrick chez un dealer de frites. Il est interpellé par mon accoutrement et me pose un tas de questions auxquelles on est plus habitué au Maroc. Il m’avoue être sorti récemment du coma après être resté plusieurs mois entre la vie et la mort. Après cet événement, il ne sait par où commencer cette nouvelle vie. Je lui fais partager ma recette, qui n’est que personnelle : bien réfléchir à ce qu’on veut puis y mettre du cœur et du temps, évidemment sans garantie de succès. Cette journée n’avance pas et je dois m’arracher de la terrasse après la deuxième bière pour les derniers kilomètres. Jusqu’à mon mini camping, le Shalom pour ce soir!

Pour autant pas non plus l’ambiance d’une bar mitzvah.

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31juil. 2022

La triche

Promenade côtière de quinze kilomètres au menu du matin. Je me laisse couler jusqu’à Breskens pour y prendre un ferry, première entorse obligatoire à ma doctrine du sans moteur. Parfum de dimanche, la météo n’y est pas. Temps gris, vent d’Ouest en rafales, difficile de se laisser aller à la contemplation. Le moindre recoin abrité y est pourtant propice et c’est alors la mer qui me regarde manger mon sandwich. Mes casse-croûtes de mi-journée sont quasi tout le temps les mêmes. Charcuterie, fromage, tomates quand elles se présentent, fruits frais et secs. Seules les opportunités peuvent faire varier ce régime. Mais l’usure intestinale commence à se faire sentir malgré la joie quotidienne du même régime. Le soir, c’est toujours chaud, si possible des féculents. Mais c’est souvent le compagnon de route qui transforme une popote en festin. C’est l’inconnu total pour celui de ce soir. Je prendrai mon ferry-bus pour vélos et piétons, me trouverai un hôtel à Vlissingen. La fenêtre ouverte, le continuel défilé des porte-containers remplace facilement un bouquet de chaînes télé incompréhensibles. Une vue imprenable qui, chose rare, me fera perdre le sommeil.

Hypnose immobile cette fois.

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30juil. 2022

L'empire des mouettes

Bien qu’en pleine cambrousse, on entend déjà mouettes et bateaux, signes d’un univers maritime proche.
Je compte bien manger un bout en bord de mer à l’approche de Terneuzen. La plage Est se profile. Barres d’immeuble R+10 façon Costa Brava. Défilé de cargos en plus. Et les usines ne sont pas loin. Quartier désert, ambiance de qualité. Je m’octroie une courte escale dans un centre ville mignonnet en carton pâte pour quelques emplettes de bouche. Sans m’attarder, la route est encore longue. Le reste de la promenade du jour suivra en grande partie la côte, industrielle à gauche, sauvage à droite du ruban goudronné. L’homo cyclus semble avoir déserté les lieux au profit des oiseaux, de plus en plus nombreux. Et la flânerie n’en est que plus parfaite.

Les minicampings sont souvent adossés à une ferme et le « Jagershof » de ce soir ne fait pas exception. Le fonctionnement en est simple, tout est compris. Tout est compris aussi quand on vous accueille en anglais, plus simple.
Demain je rejoindrai en ferry la première des îles zélandaises toutes reliées entre elles.

Le marchand de sable passe au son des oies et des mouettes. Normal, la plage c’est par là bas.

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29juil. 2022

Bienvenue en Zélande

Je n’aurais pas la joie de comparer mon camping d’hier avec un autre concurrent belge.
C’est aujourd’hui que je quitte le pays et passe en Hollande.

Sans parler d’une arche monumentale, je pensais bêtement qu’un signe quelconque apparaîtrait au moment de basculer. Et c’est seulement en regardant mon téléphone que je m’apercevrais du changement, du coup purement administratif.
Je circule au milieu des routes de campagne, quasiment désertes. Je rejoins parfois de plus grands axes pour faire jonction, toujours à l’abri de la circulation automobile.
Le bivouac aux Pays Bas est interdit et apparemment bien réprimé. Je choisis la voie de la tranquillité en choisissant un « mini-camping », ce qui signifie rudimentaire. Quelques emplacements, un bloc sanitaire. Je réserve par prudence, on est au cœur de l’été et je connais pas les coutumes locales. J’y arrive encore bien frais, après à peine plus de vingt kilomètres. Le fonctionnement du bloc sanitaire est encore plus extraordinaire que la veille et j’étais déjà impressionné. Un peu comme une session de flipper en 1988, il faut arriver les poches pleines de monnaie. Pièces de cinquante centimes pour les douches, cinq minutes la passe. L’eau chaude pour la vaisselle, des pièces de vingt centimes, pas plus de dix litres. Pas de possibilité d’extra-ball. Grâce à Dieu, l’eau froide est gratuite, on peut pisser et boire à satiété. Je me fais un extra à 1,40€ pour la vaisselle et les aisselles.
On dirait qu’ici on anticipe les pénuries d’énergie.

Car bientôt à ce prix, l’eau ne sera plus chaude.

28juil. 2022

Quitter Anvers

Matelas de quatre mètres carrés et resto libanais m’ont mis du baume au cœur mais pas dans le dos. Bien cassé, le petit déjeuner me réconforte tel une pommade. Mais c’est encore une fois la mise en marche qui me fera oublier les douleurs que m’a infligées mon carrosse. Malgré tout, la ville m’ a plu. J’ai aimé le décor d’Anvers. En sortir prendra encore une bonne partie de la journée, c’était un gros morceau pour le microbe que je suis. Ma pause sera studieuse et buter devant un camping complet m’a servi de leçon. Je réserve mes trois prochains campings, un belge et deux hollandais. Yapluka y faire comme on dit en Auvergne. Après quinze kilomètres de nationale, je retrouve la campagne et devrai suivre un canal sur dix kilomètres pour arriver à la destination du jour, au bord de l’autoroute, au bout de la Belgique. Un camping sans touriste. Des travailleurs étrangers, turques, polonais, roumains, marocains. Des retraités aussi. Très peu d’enfants. Et du côté de la cafétéria, peu d’entrain. J’aurai du mal à y trouver un sourire mais y parviendrai. Ma carte magnétique qui donne accès au bloc sanitaire est créditée d’un solde de cinq euros. Après mon premier passage, il ne reste que quatre euros. Je remarque que la porte a été fracturée et me demande en souriant qu’elles pourraient être les raisons de ce vandalisme.

C’est l’hypothèse d’une dysenterie nocturne qui m’amusera le plus.
Parano, je préfère manger du riz.
Ce qu’on appelle alors de l’optimisation fécale.

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27juil. 2022

Et contre tout

Je prépare moi aussi ma lunch box au buffet de l’hôtel où les travailleurs déjà présents sont attablés au quatre étoiles comme à la cantoch. Il faut faire le plein, la journée s’annonce longue et linéaire. Il s’agit tout simplement de suivre le canal jusqu’à Anvers. La journée d’hier tenait déjà de l’hypnose, on pourrait passer à une anesthésie… C’est d’ailleurs ce qu’il se passe puisque je m’endors au volant, vraiment. Mais l’effet est nettement moins dramatique à 5km/h qu’à cinquante. L’expérience n’en est pas moins troublante. On peut marcher dans un demi-sommeil mais à l’endormissement, tout s’arrête, malgré une trajectoire encore correcte. La tête tombe en avant, le corps s’éteint. Évidemment tout ça en moins d’une seconde, étonnant. Il me faudra un délicieux sorbet et un thé glacé piquant pour sortir de cette brume pas si désagréable.
J’ai la chance d’entrer en périphérie d’Anvers par une zone de travaux. Une heure de poussière et de camions qui anéantissent les derniers espoirs d’un bivouac de banlieue. Troisième port d’Europe, pas pour rien. Dormir dans une forêt, déjà fait. Dans une forêt de containers du monde entier, jamais, mais j’aimerais.
Le premier quartier de la ville est le quartier marocain. Rien n’y manque, tout est comme là-bas. C’est l’heure du nouss-nouss, ça sent les fruits, les légumes, la coriandre réanime mon nez, endormi depuis des semaines d’odeurs de frites.
J’ai finalement choisi le camping même si moins reposant après déjà plus de trente kilomètres.
Je dois traverser l’Escaut par un tunnel cyclo/piéton pour rejoindre le camping. Une série d’escalators permet de descendre et de remonter. Je n’en ai jamais vu d’aussi beaux. Les plus vieux d’Europe, tout de bois patiné. L’aller se passe sans souci et je fonce dans le tunnel. La remontée vers l’extérieur sera bien différente. Je fais le mauvais choix, celui de garder la Carrossa dans le sens de la marche. Le poids est plutôt vers l’arrière et à la première levée de marche, c’est la catastrophe. Les quarante kilos m’envoient trois mètres plus bas. J’essaie de retenir le poids, je n’y arrive pas. Sur le dos, la moitié de la charrette sur les tibias, je descends deux mètres plus bas encore. Cette fois je bute sur un père de famille qui lui aussi manque d’être entraîné vers le bas. Une âme charitable déclenche l’arrêt d’urgence. J’ai maintenant la tête au niveau du sol, nez à nez avec la roue avant du vélo d’une mamie, paniquée. Je dégage mes deux jambes, rien de cassé, mais j’aurais voulu des protèges tibias. Il aurait vraiment pu se passer quelque chose de grave, et par ma faute. Récompense de cette erreur, le camping est complet et la négociation est impossible. Je dois retraverser le tunnel Ste Anne, trouver un hôtel. 18h30, 38km, les tibias en sang et les douleurs dues au choc qui commencent à apparaître. Je m’en tire bien sur la fin et trouve tout ce qu’il faut si on excepte le kinésithérapeute.

Je me rappelle les paroles des murs de la veille.
Stay high, wild and free.
Pas facile parfois de tout combiner.

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26juil. 2022

Ligne très droite

Comme toujours à l’hôtel, je profite des facilités. Mettre en charge tous les appareils. Exploiter le buffet du petit déjeuner jusqu’au doggy bag pour le midi. Faire une mini-lessive.Sans oublier ma grasse matinée : 6h20. Je prends donc mon temps, ne partant qu’à 10h pour plus de cinq heures de méditation. Une bande goudronnée et ombragée de 20km coule jusqu’à Herentals. La première heure, c’est de la méditation, les quatre suivantes tiennent plus de l’hypnose. Et je dois me réveiller seul pour ne pas manquer le changement de cap au niveau d’Herentals qui sent déjà bon la banlieue d’Anvers.
Je dois rejoindre l’Albertkanaal en vue de la séance d’hypnose du lendemain : 30 km le long des berges. L’ambiance encore champêtre il y a quelques kilomètres, devient urbaine, industrielle. Des usines pétrochimiques, des cimenteries, des péniches porte-containers annonçant le programme à venir.
Pour l’heure, c’est trouver un endroit pour la nuit. La possibilité se résume à une bande de trois mètres de large coincée entre la piste et la route surfréquentée. Je fais presque une dizaine de kilomètres avant de comprendre qu’il n’y aura pas mieux. Je compte mainte Sur le duo de choc Internet/Carte Visa pour me sortir de ce mauvais pas. Un Best Western anonyme et faussement luxueux. J’y battrai mon record personnel de temps de douche. Comble du raffinement, pizza/bière dans la chambre.

Que doit être triste la vie de VRP.

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25juil. 2022

Aarschot

C’est le passage d’un humain muni d’une frontale qui me réveille. Le mystère quant à son identité restera total. Je lève le camp avant 8h.
Direction Aarschot, se prononce Aarsseute, ville anonyme de Flandre. L’honneur fait aux vélos est un régal. La piste ne discontinue pratiquement jamais, qu’elle traverse une commune, emprunte une grande ou petite route. Jamais le stress des voitures, les mondes sont cloisonnés. Entre vélos et autos, on ne partage pas le même bitume. On partage entre sportifs, retraités, travailleurs, écoliers. Tout se beau monde pédale et se respecte.
Je me renseigne sur la route pour Aarschot dans un bistro alterno à la halte méridienne.
Par la nationale, 4 km en trajet sécurisé. L’itinéraire initialement prévu ne s’annonçant pas vraiment paradisiaque, je décide donc donc de couper droit en utilisant la route à vélo qui suit la nationale. Et j’arrive aux alentours de 13h. La place centrale est très très calme. Après une brève réunion, je décide de boucler l’étape ici-même, dans cette triste bourgade. Mais j’y trouve un bel hôtel au nom imprononçable, un ancien moulin du XVIeme siècle devenu design. Sous un torrent d’eau chaude, je m’aperçois que je viens de boucler ma cinquième semaine de balade.

Certes, une promenade à rallonges.

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24juil. 2022

Trouver sa forêt

Les premiers cyclistes circulent avant 7h. A 10 km, Jodoigne marquera la fin de la Wallonie. La piste continue encore un peu sur Tienen. J’obliquerai au niveau de Hogaarden en traversant littéralement l’usine. Je dois apprendre les codes de l’IGN belge, un peu différents des cartes bleues françaises. Je me retrouve sur les pavés non loin de la route Eddy Merckx.
Ménageant la susceptibilité de mon carrosse, je resterai sur les routes jaunes, peu fréquentées mais lissées d’asphalte. Chaque pause est l’objet d’une étude topographique. Les parties boisées sont peu nombreuses et ridiculement petites. Ce sont pourtant elles qui m’assumeraient discrétion et sérénité. Les bleds sans intérêt défilent. Quelques restos du dimanche, tous bondés. Bien que sorti de la piste, toutes les voies sont cyclables, on sent que le plat et la roue sont faits pour s’entendre. Le cyclo est roi, on ne sacrifie pas ses routes. Si la chaussée se réduit, les vélos n’en pâtissent pas et les autos vont en alternance.
J’ai donc repéré quelques taches vertes sur la carte pour le bivouac du jour. A Kerkom,ma première option, il y a un bois pour les promeneurs. Un carré de 500m de côté, suffisant. Le repérage coûtera deux kilomètres de détour. Après déjà 24km, on espère que ce sera bon. Bénédiction du pèlerin, l’endroit est parfait, caché et entretenu, loin des moissonneuses qui travaillent non-stop ces derniers temps. Une hêtraie avec quelques pins disséminés, on pourrait croire à la Chaîne des Puys. Effet immédiat, je me sent tout de suite bien, comme à la maison.

Seule l’hospitalité des moustiques laisse à désirer.

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23juil. 2022

Premier bivouac belge

J’ai refait surface et arpente maintenant les allées du marché pour les produits frais, celles du carrefour pour le sec. Une fois la piste cyclable rejointe, toujours le réseau Ravel, c’est le calme absolu, des arbres, des oiseaux, un espace de sérénité. Même si pour ce soir, c’est l’inconnu. Pas de camping, pas d’hôtel et aucun renseignement sur les coutumes de bivouac le long de la voie verte. Cela ne m’empêche aucunement d’avancer le cœur léger, prêt à l’aventure.
J’avale les kilomètres, la piste semble avancer toute seule, comme un tapis roulant. Encore une fois , j’irai faire le point dans le premier bar se présentant. J’en trouve un jouxtant mon ruban de bitume. Jupiler de rigueur. Jeune patron peu aimable, peu loquace. Il accepte péniblement que je me ravitaille en eau à son robinet extérieur dédié aux gamelles des chiens. Au moment de payer, je m’aperçois d’un pneu à plat. Pourquoi les crevaisons raffolent-elles des fins d’après-midi ? Je regonfle, recommande une Jup’. Dix minutes plus tard, toujours de l’air dans la chambre. Ça tiendra si je trouve mon nid de nuit rapidement. A moins d’un kilomètre, un coin de pré fraîchement fané fera le job.

Encore presque trente bornes.

Le pneu se dégonfle. Je fais pareil.

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22juil. 2022

Quitter la meuse

Une fois de plus, je pars du camping à 8h30 sans payer. J’ai appelé, laissé un message. Je suis arrivé aux heures d’ ouverture. Mais attendre 10h que Monsieur veuille bien commencer sa journée, impossible. Ce sont les heures où on gagne la journée et c’est bien ce que je compte faire.
Trente kilomètres jusqu’à Namur, moins si un dernier bivouac le long de la Meuse se présente. Je passerai la journée rive gauche sur un itinéraire cette fois intégralement cyclable, un bonheur. A 10h30, dix kilomètres. A 13h30, vingt, Profondeville. Je fais mon troisième repas dans une brasserie en bordure de piste. Viande , salade, et toujours des frites, un système immunitaire fainéant m’empêchant de profiter du récent début de la saison des moules de Zélande…
La voie verte suit maintenant la route. Impossible de monter un camp dans les parages.
Un peu la mort dans l’âme, je me résous à une nuit d’hôtel à Namur. Tout ce dont on peut rêver : entre le Burger King et le McDo avec vue imprenable sur le Starbuck’s. Depuis la fenêtre, ma contemplation alterne entre la multi-centenaire façade de la gare et le ballet des livreurs à vélo sans papiers.

J’aurais aimé être immergé, je suis enseveli.

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21juil. 2022

Fête Nationale

Le départ sous la pluie conviendra parfaitement avec la sortie de Givet. Le couscous tunisien de la veille restera mon souvenir le plus coloré de Givet. Le centre passé, on s’éloigne un moment de la Meuse pour la rejoindre ensuite. Centrale électrique, station d’épuration, anciennes usines. La désuétude d’une ancienne ville frontière toujours dominée par un gigantesque fort.

Je n’ai pas la première carte de la Belgique et je vais donc m’arrêter pour faire un point topographique dans le premier café wallon. Et je ne tarde pas à être renseigné. Il est 10h, un cycliste en nage commande un café / calva, roule sa cigarette. J’attends qu’il reprenne son souffle, mette du sucre dans son expresso. Il me décrit ensuite le plus beau parcours possible jusqu’à Dinant, les ponts, les écluses, un bout de route un peu craignos…La partition est écrite, il n’y a plus qu’à la jouer.
Petite pause Frites/Jup’ dans un des petits ports de plaisance fluviale et j’apprends que c’est la fête nationale. Le serveur me promet un Dinant survolté. Effectivement il a raison. Je traverse la ville au pas au milieu des flonflons. Long. Les gens sentent bon, c’est fête. Je suis un vendeur de beignets à l’odeur musquée donc suspecte et je ne me sent pas à mon aise.8
Je file droit au camping, encore vingt minutes de marche. Grosse ambiance aussi chez mes voisins qui entament la cuisson du barbecue. Ils me préviennent pour le bruit qu’ils pourraient faire, c’est la fête nationale, maintenant j’ai compris. Et comme je dors tel un caillou, je leur échange rires trop fort contre sandwich merguez, marché conclu. Au deuxième sandwich merguez, je dégaine un melon, leur en offre la moitié. Le camping semble déménager pour le feu d’artifice. J’en entends les dix premiers pétards et sombre, quasi chloroformé.

Mais la Meuse veille sur moi.

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20juil. 2022

Allons à Givet

Direction Givet, dernier bled français avant la Belgique. Le très mignon bivouac de cette nuit m’a remis dans le bain de la marche solitaire. Étape courte après avoir bien profité de la centrale nucléaire de Chooz…
Arrivée 12h30, deux kilomètres avant le centre-ville. Le camping semble être resté dans un jus pré-communauté européenne, aucun des vingt mobile-homes n’a été fabriqué après 1978… J’ai envie de payer en francs. Ce sera 5500 CFA, soit huit de nos euros, Coca compris s’il vous plaît. Le tarif à l’année à 800€, ça paraît cohérent. La pluie me conduit direct à la sieste.
Au réveil, j’ai un voisin. Cycliste, vieux, chevelu, en forme et sympa. Son projet ne manque pas de piquant, surtout à 75 ans. Parti de la Sarthe dans le sens trigonométrique, il suit depuis presque trois mois les limites administratives du pays, frontières, mers, océans. 7000 au compteur, une leçon de vie. Évidemment le gars est super relax et ne cherche pas de trophée. « Faire la route », comme Kerouac, voilà ce qui l’intéresse. Ma lenteur de piéton attire son respect. Je lui rappelle tout de même ses performances. Le lendemain à 5h30, je ne verrai que sa queue de cheval, il est déjà en selle.

L’envie de vivre ne supporte pas les grasses matinées.

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19juil. 2022

Rentrer / Repartir

Rentrer / Repartir

C’est déjà le dernier jour avec les amis. Départ demain matin à l’aube depuis Charleroi de sorte qu’ils doivent y être ce soir. Il nous reste donc ce matin pour en profiter. Se balader à l’ombre le long de la Meuse est un délice en ce jour le plus chaud de la semaine.
Le long de la piste cyclable, toujours aussi plaisante, quelques panneaux de bois forment une petite expo sur faune et flore locales. L’accent est mis sur les espèces invasives représentées. La renouée du Japon est comme partout ailleurs une plaie qui envahit les berges sans laisser de place aux autres plantes. Rats musqués et ragondins grignotent l’habitat du castor, plus rare. Et ce sont bien des oies, les bernaches du Canada, qui parsèment la bande de bitume de crottes. On rappelle qu’il est bien évidemment interdit de les nourrir mais les rivages sont déjà enduits de leurs déjections.
Vireux sonnera la fin de l’étape. Rive gauche, Vireux Molhain. Rive droite, Vireux Wallerand. On se trouvera un resto sur la route de Givet pour commémorer la fin de notre aventure commune. Ce matin, l’ombre était un délice. Maintenant le soleil est un supplice. La Carrossa s’allège, je retrouve la configuration solo. On se fait le bisou devant un garage Renault, ambiance bien différente des rives de la Meuse. C’était court. C’était bien. J’en aurais voulu encore.

Seul, je retrouve les problématiques habituelles. Trouver où dormir. J’avais repéré ce matin un ruisseau du côté de Molhain. Après une courte enquête au PMU, j’apprends que c’est là que les jeunes viennent se baigner, se rafraîchir.
Je m’y dirige. Effectivement, l’endroit est parfait. Des arbres, de l’eau, de la tranquillité.
J’appelle la Mairie pour signaler ma présence. Aucun problème. Défilé de promeneurs échaudés l’après-midi, calme absolu en soirée. Spéciale dédicace à mes amis sur le chemin du retour.

Gros bisous de bivouac.

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18juil. 2022

Trop chaud

Au matin, la cheville va mieux. Mais j’ai bien entendu l’alarme et il faudra passer à la pharmacie de Fumay avant de l’être moi-même. Plus d’un kilo de médocs au départ m’ont fait négliger muscles et articulations au détriment, si on peut dire, de mon suivi médical. Mon tube digestif a finalement plus souffert de la sauce kinkin que ma cheville de l’excès de kilomètres. Mais moins que lors de mon abus de fricadelle, mémorable. Achille a son talon, moi mes intestins.
Nous n’avons cette fois pas oublié de commander pain et viennoiseries, petit déjeuner français trop gras et trop sucré mais qu’on aime tant.
Hibou est déchaîné et se moque bien de la chaleur, toujours croissante. Nous partons sur les mêmes bases que la veille. A la pharmacie, je trouve ce qu’il me faut, acide folique et huile essentielle de golthérie. Température redescendue à la pause, j’ai La bonne idée que je garde pour à peine plus tard, sans savoir ce que penseront mes camarades.
On atteint Haybes à l’heure la plus chaude, on sort le pique-nique, j’envoie mon missile en proposant d’arrêter l’étape et de profiter en se reposant. Il restait 14km, il n’en reste plus qu’un! Nous sommes d’accord! Lessive au camping associatif, bières et pizzas, mes tendons disent merci.

Il fait parfois trop chaud pour travailler.

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