Une allure fondamentale

Entre 2 et 6 km/h, c'est là que se situe l'allure fondamentale. Ce blog en fait l'éloge...

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12avr. 2017

Grâce à Dieu

Je quitte mon caillou aux heures fraîches. Les cueilleurs de lavande attaquent aussi leur journée. Brèves salutations. Je rejoins le fond de vallée de bonne heure et de bonne humeur. Petit déjeuner le long de la route Ouirgane / Tizi n Test, un col bien célèbre au Maroc. Scénario bien connu, je dois maintenant remonter une grande vallée jusqu'au pied de la montagne, 20km plus loin, 1km plus haut... J'avais repéré la veille un sentier qui pourrait m'éviter les lacets de la piste. Je décide à l'unanimité d'essayer de le rejoindre espérant quelque économie de mouvement. Cette vallée est gigantesque et je suis ridiculement petit.

Je m'engage et commence à suivre l'oued. Très vite, je dois enjamber une clôture. A peine plus tard, je met le pied dans l'eau. Et je suis maintenant bloqué par une chute d'eau infranchissable.

Je me décide à rejoindre le promis sentier. Quinze mètres au dessus de moi. Je refuse de faire demi-tour. Je sors les gants en cuir de mon sac et commence la grimpette.

Roche millefeuille très friable, buissons piquants, le contraire d'une partie de plaisir. Quand je jette un coup d'oeil sur ma faible progression, je prends conscience de l'impossibilité de rebrousser chemin, de l'interdiction formelle de chuter. Je parviens à atteindre ce que je croyais être un sentier au bout d'un litre de sueur... il s'agit en fait d'un canal d'irrigation, à flanc de montagne. Des murets de 10cm de large. 30 cm d'eau courante entre les deux. Je n'ai pas d'autre choix que celui de remonter ce canal, en espérant qu'il rejoigne la piste plutôt qu'une cascade... Une fois de plus, un calvaire. Mais le parcours m'interdit de songer à autre chose que mes appuis. A ma droite un vide vertigineux. A ma gauche, une haie de trucs épineux. Fidèle à mes convictions et peu motivé par des envies suicidaires, je choisis l'agression cutanée. Une heure à marcher comme un canard au dessus du vide. Le canal prend fin, et ne rejoint pas la piste. Les emmerdes volent souvent en escadrille. Il faut que je rejoigne cette putain de piste, pas très loin, à 300m d'ici. Mais 200m de dénivelé positif, ce qui promet une deuxième session bien verticale... A quatre pattes, je suis en sécurité, allons-y!! La piste est enfin là, il est 14h, 5km en 4 heures, je vide deux litres pour fêter çà. Je peux maintenant avaler les kilomètres jusqu'au dernier village accroché à la montagne, Tizgi. J'y arrive vers 18h, la pluie menace, juste continuité de cette difficile journée. Mais le vent tourne quand je croise deux gamins qui me demandent si je vais au gîte... Un gîte ici? Alors bien sûr que je vais au gîte !!! J' y rencontre Karim, guide de montagne à Imlil, ses 5 potes muletiers et une famille de Français. Je pose mon sac dans l'entrée, il se met à pleuvoir. Si j'avais eu un pote, je lui aurais fait un clin d'oeil... Qu'il est bon de converser en français. Karim connaît parfaitement la montagne. Demain il raccompagne les clients à Marrakech. Les muletiers rentrent à vide direction... Imlil comme moi !!! On me propose de partager la ballade en leur compagnie, un mulet s'occupera de mon sac !!! Départ de nuit à 6h. Nous commençons la cohésion du groupe à l'épicerie du village qui retransmet la Ligue des Champions, le match aller Bayern / Real. Depuis 2012, rien à changé, on est soit Reali soit Barsawi. Ici, tout le monde est catalan mais il est de bon ton de venir encourager l'adversaire de l'ennemi...

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11avr. 2017

Lovely day

Ce sympathique plombier à casquette est d'une ponctualité chirurgicale. Je lui ai commandé le petit déj pour 8h et j'aspire ma première gorgée de thé à 8h02. J'enfile mon sac à dos, un nouveau sac à dos, un très bon sac à dos, un très beau cadeau. Le programme de la journée est simple mais bien chargé : rejoindre une vallée verte à 5 km, la remonter jusqu' au bout, passer le col, redescendre en fond de vallée puis suivre la piste jusqu'à apercevoir la prochaine... La ballade est de toute beauté, la température idéale. Un oued à sec me permet de rejoindre la "vallée verte", ambiance canyon préhistorique. Ensuite, c'est l'explosion de vert, de l'eau partout. Eau, source de la vie. Je profite des couleurs depuis la piste panoramique. Je la suis jusqu'à rencontrer la rivière. Des hommes préparent un tajine, abreuvent les mules. Les femmes étendent le linge sur les cailloux aux dimensions les plus adéquates. Les enfants alternent entre petits coups de main et douces rêveries. Personne ne me demande où je vais, ma présence ne semble pas bousculer l'ordre des choses. Ces ondes bienfaisantes me poussent à une courte halte au bord de l'eau. Moment d'une indescriptible poésie au parfum d'éternité. La piste n'est plus mais le chemin qui s'enfonce est féérique. Je marque une nouvelle pause avant la dernière ascension de la journée. Le paysan laboure ses terrasses à l'aide d'un mulet. Je lui emprunte l'ombre d'un des ses fruitiers. Un faucon choisit ce même arbre comme étape. Je me pétrifie, espérant rallonger mon temps d'observation. Le rapace est à peine trois mètres, il attendra la fin de mon apnée pour s'en retourner. Peut être un représentant des autorités locales missionné pour prendre soin du bon déroulement de ma randonnée. Mais sans l'indélicatesse de l'homo sapiens. La descente est tout aussi magique, des villages perchés, une architecture traditionnelle discrète se fondant dans le paysage. C'est seulement au bout de 30 km que je trouverai mon bonheur pour la nuit. Un éperon caillouteux au milieu des plants de lavande. Vue imprenable sur la vallée de Ouirgane. Je monte le camp, me nourris, vite fait... A la nuit à peine tombée, je file dans mon duvet, les jambes lourdes, l'esprit léger...

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10avr. 2017

Cadeau surprise

A huit heures pétantes, mon nouvel escort-boy, promis la veille, est déjà là. Emmitouflé dans sa djellaba, les traits tirés par le manque de sommeil, il se serait facilement passé de cette mission matinale. Je me serais également passé de sa présence afin de pouvoir réguler mon transit dans une stricte intimité. Cette contrariété intestinale provoquera immanquablement l'agacement. Et même si un sympathique petit déjeuner m'est offert 4 km plus loin. Ici, l'eau est partout. Elle est canalisée et irrigue toutes les cultures. A 1800m d'altitude, des champs de blé, de la luzerne. Je fais le plein à la source du village de Tagadirte. L'eau y est pure, je ne la filtre pas. Elle a le goût de la vie, de la fertilité...La piste devient route, une superbe route panoramique qui facilite la surveillance du touriste à pied. Cette filature intrusive doit finir par s'arrêter. Au détour d'un virage, brandissant fièrement un rouleau de PQ, je propose d'un ton provocateur une excursion fécale à mon garde du corps, quelque peu désappointé... Ce qui a pour effet immédiat d'allonger la distance de sécurité entre nous. Pendant son absence, je quitte la route principale qui mène à Amizmiz et emprunte une piste secondaire suffisamment caillouteuse pour interdire les promenades à mobylette...Enfin seul, Dieu que c'est bon! Le reste de la journée n'est que plaisir : descente facile jusqu'à Anerni puis pancarte surprise : " Auberge Benija ". J'appelle et on m'informe qu'elle se situe à 2 km de ma position. Ça vaut le détour et je file à Tniri, au fond de cette petite vallée. Le jeune plombier du village gère les affaires du propriétaire : accueil, repas, etc... Je profite de cette bénédiction inattendue : douche, terrasse panoramique, tajine... qui l'eut cru???

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09avr. 2017

Affaire à suivre

La chaleur de la veille a eu pour effet de modifier mon horloge interne et je me remet en route dès les premiers rayons du soleil, bien décidé à profiter d'une relative fraîcheur matinale. Je croise la mob du lutin bienfaiteur qui m'avait souhaité bonne nuit, grossièrement cachée derrière un arganier isolé. Il n'est pas encore en piste mais devrait bientôt pointer le bout de sa moustache. En effet, il ne tarde pas à arriver à mon niveau. Salamaleks d'usage et question tout aussi rituelle : " où vas tu ? " Je jouerai cette fois sur l'ambiguité de la notion de " tout droit " selon qu'on se déplace à pied ou en engin. Et c'est ainsi que nos routes se séparent. Et il n'est jamais plus question de ma sécurité quand l'effort de la marche à pied devient nécessaire à la filature. Je suis maintenant tranquille, pourvu que ça dure... La descente sur Adassil, prochain ravitaillement, commence par une descente d'oued à sec. Un saut de trois mètres m'oblige à la plus grande prudence. Je fais parvenir le sac en bas à l'aide d'une cordelette. C'est le tour du bonhomme. Je prends le temps et me concentre. Rien de difficile mais tout de même exposé. Aller jusqu'au village ne sera plus qu'une formalité. J'y trouve des sardines, des oranges. Je partage 1,5l de Ice, une imitation de Fanta Orange, avec les enfants du quartier. De la chimie pure, je n'en crois pas mes papilles...La pause est terminée, je repars en quête d'absolu. La poésie s'arrête au premier son de pétrolette, quelques kilomètres après le douar. Hassan, jeune berbère de 25 ans rasé de près, deux enfants et demi, pas un mot de français... Il m'accompagnera jusqu'à mon spot bivouac, un petit plat au milieu des cailloux. S'en suit un grand classique, il me passe le caïd au téléphone. Entretien courtois dans un français académique. Tentative vaine de me faire changer de camping. Mes phrases s'allongent, la batterie du téléphone s'épuise... jusqu'à ce que je rende l'appareil à son propriétaire... entièrement déchargé !!! L'affaire est réglée, il n'y a plus qu'à se dire au revoir. Hassan me dit qu'il passe le relais et que demain, c'est un de ses amis qui m'escortera jusqu'au prochain village où je prendrai mon petit déjeuner. J'essaie de rester philosophe en pensant aux bienfaits des voyages organisés.

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08avr. 2017

Forte escorte

A l'heure du Ftor (petit déjeuner) un représentant des autorités est déjà en piste. Son allure ne peut faire croire à une grande crédibilité : 1,60m, 50kg, survet', claquettes, mobylette... difficile de se sentir plus en sécurité. Voilà donc mon premier lutin. Il attendra en bord de piste jusqu'à ce que trouve un transport direction Ait Moussa. C'est fait, voilà une R19, année 1991. Je paye le prix fort pour ne pas attendre pendant trois heures. 40mn de trajet. A peine sorti du carrosse, un villageois insiste pour savoir où je vais. Ma réponse est déjà prête : "nichane" (tout droit) Une réponse aussi claire qu'évasive. Je choisis le chemin muletier plutôt que la piste. Le village suivant en est de suite averti grâce à un réseau téléphonique très efficace, même dans des vallées apparemment isolées. La ballade commence sous un soleil de plomb, à midi, par 15km de montée. Et voilà que le deuxième lutin apparaît. Bien évidemment, et dans un esprit d'ado attardé, c'est le moment que je choisis pour faire une pause, en plein soleil. Notre ami me propose gentiment de le suivre. Je décline poliment son invitation, préférant marcher seul en prenant le temps de m'arrêter où bon me plaît. Après un court compte-rendu téléphonique, mon garde du corps fait demi-tour, quelque peu désarçonné par ce touriste original qui parle quelques mots d'arabe mais ne semble comprendre que ce qu'il veut. L'ascension continue, je retrouve une piste à peu près carrossable. En tous cas suffisamment pour qu'un troisième lutin surgisse en scooter. Moustache et gandoura, spécimen plutôt classieux. Et un deux-roues de bonne facture. Lui aussi s'intéresse à ma destination. Je réponds cette fois par le "très loin" : " Oukaimden " à 150km d'ici... Ce qui ne lui donne pas plus d'informations quant à mon itinéraire que " tout droit ", pour ma plus grande satisfaction. J'atteint le sommet de la côte en fin d'après-midi. Un plateau à 1800m d'altitude. Quelques arbres, des bosquets. Du plat, de quoi faire un feu. Une vue sur toute la vallée. Parfaite halte pour une nuit. Mon ange gardien finit par me retrouver au milieu des buissons. Une dernière tentative pour que je me rapproche de la prochaine ferme, d'où il pourrait me surveiller sans effort. Je le remercie et le congédie à grands coups de sourires. J'en rajoute une couche sur la beauté de ce spot. Le clou est enfoncé. Il a compris. Je ne bougerai pas. Soupe chinoise au fromage de brebis et thym sauvage. Coucher de soleil de carte postale. Pleine lune pour fullmoonistes.

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07avr. 2017

Yallah

C'est toujours avec une grande excitation que je retrouve les montagnes marocaines. En 2012, j'avais occulté le Haut et Moyen Atlas, de Marrakech à Fès. Les séances de rattrapage avaient commencé l'année dernière me conduisant non loin d'Imi n Tanout après une traversée Sud/Nord depuis Taroudant. Bon élève, travailleur et rigoureux, je repartirai cette année du point d'arrivée de l'année précédente. J'abandonne cette fois l'idée d'enregistrer de la musique en chemin, le parcours prévu apparaissant déjà comme bien chargé en kilomètres et dénivelé. J'accorderai pour ce périple une attention particulière au poids du sac. Aussi, je pèse minutieusement tous mes items, et ce après une sélection drastique de ce qui doit être emporté. 13 kg et 669g, sac compris, voilà le verdict. Quelques exemples intéressants : un passeport 35g, une pile LR6 25g, un sachet d'aspirine 3g... Direction Boulaouane à quelques kilomètres du village d' Ait Moussa d'où cette promenade commencera. J'y trouve une famille proposant des chambres et repas à prix doux comme on dit dans les guides touristiques. Ce sera ma soirée étape. Mohamed parle un français très correct mais il a fait ses études en anglais et c'est donc la langue de Shakespeare que nous choisirons pour communiquer... Il me parle déjà de "sécurité" et j'imagine déjà le scénario du lendemain : escorte locale à mobylette, toujours la même question, "fine radi? (où vas tu?) Je me fais à cette idée et profite tout de même de la soirée, de la fraîcheur de la terrasse, de la sensation de satiété, du confort d'un lit...

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19nov. 2016

La Suite à Tonton

Chateau Chinon sera la dernière étape de mon pèlerinage automnal. Flux de sud, vent, pluie. Peu de possibilités de logement jusqu'à Avallon. Alors j'écourte sans regret. Quelques éclaircies aujourd'hui, la ballade est plus douce. L'homme, bien qu'étanche n'est pas fait pour la pluie. Sous nos latitudes, pluie rime le plus souvent avec froid. Et quand on marche, rester sec devient une priorité. Aujourd'hui les sentiers forestiers sont meurtris par les engins des exploitants. Les abondantes précipitations de ces derniers jours n'y ont rien arrangé. Le chemin est un champ de bataille et je dois passer en mode légionnaire, parfois même contraint de contourner par la forêt de peur de m'enfoncer de trop. S'en suivra en fin de journée une scène dont je ne me lasserai jamais. Le jeune réceptionniste de l'hôtel en costard, d'un classicisme désuet versus le pèlerin qui sort du bois, crotté de boue jusqu'aux rotules. Lui ne connaît sans doute pas les plaisirs du bivouac. De même que je ne porterai probablement jamais de cravate. Preuve que les mondes parallèles peuvent se croiser. Fin de la promenade, 120km de plus vers le Nord. Pas un grand pas pour l'humanité. Pas même un petit pas pour l'homme. Juste quelques centimètres sur une carte. Mais chuis content.

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18nov. 2016

Mme Wood

" Une perturbation traversera la Nièvre en fin de matinée " La justesse de cette prévision coïncidera avec mon entrée dans le Parc du Morvan. Une journée dans les bois jusqu'au plus haut village du Morvan, Glux en Glenne. Je contourne le Mont Beuvray, hot spot druidique. Me privant ainsi des pouvoirs conférés aux eaux de l'Yonne qui y prend sa source. Les femmes y plongeaient leurs seins pour favoriser la production de lait maternel. L'histoire restant muette quant à quelle partie du corps masculin immerger dans l'eau magique, je passe mon chemin et continue ma route. Malheureusement, et malgré ma " vigilance accrue", je ne croiserai pas de fées, pas d'elfes, pas de lutins... Le gîte de groupe de Glux en Glenne pour moi tout seul. Mme Wood, un nom prédestiné au vu des paysages environnants, est aux petits soins. Ce soir, menu Brexit aux saveurs d'Outre-Manche. Mme Wood parle un français fluide parsemé de folkloriques créations linguistiques. Nous discutons dans la bonne humeur. De son travail notamment. Le gîte accueille des groupes de randonneurs, de cyclistes et de... druides!! Sa description de ces chamans est savoureuse et j'imagine des barbus vêtus de ponchos en laine, gambadant, serpette à la main, à la recherche du gui nécessaire à la décoction miraculeuse... J'avais l'image de Panoramix, druide solitaire et peu bavard. Et voilà qu'on me dit qu'en 2016, même les sorciers font des concentrations. A quand le rassemblement d'ermites équipés de Ipads?

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17nov. 2016

Vers Luzy

Mieux vaut passer la nuit sous un évier que sous un déluge. Et c'est le coeur léger que je m'en vais rendre les clés des sanitaires à la mairie, content d'avoir échappé aux huit heures de pluie que nous a offert la nuit... Faire de la marche son unique moyen de locomotion, se contraindre à avancer. Pour ne pas oublier " La Grandeur du Peu ". Et la magie opère à chaque fois. Que ce soit quelques jours ou quelques mois. En France ou au Maroc. Au printemps ou en automne. Un simple abri se transforme en une villa du Cap d'Antibes. Une brève éclaircie devient une semaine de vacances sous les cocotiers. Une porte qui s'ouvre vers un café chaud : la Garden Party de l'Elysée. La multiplication des pas favorise également le drainage cérébral. Les mauvaises pensées préfèrent l'immobilité et semblent ne pas pouvoir suivre le rythme de la randonnée. Alors, les hémisphères nettoyés, on peut se laisser aller à de douces rêveries mais aussi de saines et profondes réflexions. Les idées pleuvent, certaines germeront peut être tandis que d'autres se verront stérilisées par la beauté de l'impossible. Luzy en ligne de mire, la météo s'améliore et autorise maintenant le tombé de capuche et la mise à l'air du nez. Confort et réconfort m'attendent là-bas. A l'heure du café, le Bar de l'Eglise est encore plein. Je siffle une bière, récupère les clés de la chambre. Je fais subir un crash test au climatiseur inversé. Je lui demande 26°C. Il ne bronche pas et s'exécute docilement.

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16nov. 2016

Roland Garros

Bourbon Lancy s'éveille dans la brumitude. Je quitte les douilletteries de la Tourelle du Beffroi en habits de marin, à l'assaut du bois de la Teugne. Le cumul d'humidité et de douceur a fait naître des champignons. Avant hier déjà, le bivouac d'automne m'avait offert la joie de m'endormir dans un cèpe. Le village de Grury sonnera la fin de journée. Un ancien m'interpelle : " Atypique, votre affaire! Compostelle à l'envers? " Je rebondis brièvement puis enchaîne sur la nuit qui ne tardera pas à poindre, les possibilités de passer une nuit au sec. Il m'aiguille vers la mairie, il y a un local près du terrain de tennis. La mairie est fermée aujourd'hui. La secrétaire m'ouvre malgré tout, sourire aux lèvres. Elle m'échange les clés du bloc sanitaire contre une photocopie de mon passeport. Le deal est valable. Un toit, de la lumière. Même si ni eau ni chauffage.

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15nov. 2016

Bourbonnais

Marathon de la tente, douze heures sous du plastique. Café à Chevagnes, la France de bord de route. La Nationale comme cordon ombilical. 10h. C'est déjà l'heure des drogues dans le Bar Tabac Loto du patelain. Les junkies des jeux, de la télé et du tabac ne font que passer, se fournissant en grilles, programme et cigarettes. Les autres toxicos sont attablés pour les boissons, café et vin blanc. Certains sont polytox : un canon, une clope, un millionaire... Je choisis la triple dose de café avec chauffage en prime. Je ne pars pas avant d'avoir retrouvé mes orteils et laisse les drogués à leurs addictions. J'ai lu le journal par procuration, un désastre pour les oreilles. Interprétations chaotiques des nouvelles du monde, mieux vaut en rester à la météo, maussade. Les routes et chemins communaux invitent une fois de plus à la transe. Quelques pauses gâteaux secs tout au plus jusqu'à Bourbon Lancy où je péterai dans la soie du confort moderne. Effectivement, aucun des éléments de la fête ne manquera à l'appel, douche, lit, apéro, resto... Escargots, pièce de Charolais, Bourgogne oblige. La vie est douce en ville, surtout quand la carte de crédit peut parler. Demain, la Visa ne sera d'aucun secours. Même bien pourvue. Alors on stocke.

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14nov. 2016

Marcher encore

"Attention à la fermeture automatique des portes" Direction Moulins. Le nez collé à la vitre, je regarde Clermont Ferrand s'éloigner dans le gris de novembre. Déjà, novembre, c'est triste. Le cru 2016 l'est encore plus particulièrement quoique plus recommandable que le millésime 2015. Le bouton nucléaire est maintenant dans les mains de Donald. La flamme de Cohen s'est éteinte. Hier on commémorait les morts du Bataclan. Aujourd'hui, comme Macron, je suis en marche et c'est là notre seul point commun. La journée se déroule comme une méditation en mouvement ponctuée de quelques douleurs dans le milieu du dos, signe de la fraîcheur du départ. Je sors du rêve à 16h30. Même si aujourd'hui c'est l'extrafull moon, comment croire à la flurorescence du gris qui flotte au dessus de ma tête? Il fera nuit dans 1h30. Une ferme sur mon chemin, l'occasion d'engager la conversation. " J'aime autant pas " sera la réponse à ma question qui concernait l'éventualité de planter une tente dans un des trois hangars de 200m carrés. Je finis dans le bois à 2km. Trop tard pour construire un feu. Pas de veillée. Au lit à 19h30. Et un récital de groin de cochon pour animer le début de soirée...

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18avr. 2016

Marche ou crève

Ma semaine sans goudron se termine. Le ruban noir est en vue. Une dernière descente bien périlleuse pour rejoindre le village et voilà! Maintenant, l'agréable sentiment du travail accompli. Même si ce n'était qu'un petit boulot, une courte mission d'intérim. Nous savourons cette satisfaction tout en nous disant qu'il n'y a pas foule par le pays comme on dit en Auvergne. L'épicier nous informe qu'il n'y a ici que deux propriétaires d'automobiles. Et qu'ils sont déjà partis. Du coup, nous repartons, penauds, à pied. Et le premier kilomètre imprévu n'a pas franchement le goût du bonheur. En randonnant nous sommes redevenus animaux, cessant de nous projeter. Nous avons par contre scénariser l'arrivée en bons homos sapiens. Ne dit-on pas l'erreur est humaine? L'erreur n'existe pas dans la Nature. L'homme fait il donc parti de la Nature? Ou bien l'homme est-il erreur? Voilà le genre de réflexions qui prennent vie quand la marche devient "forcée" . Le cerveau humain ne supporte pas la contrariété.
Mais la bonne étoile du pèlerin romantique n'a pas dit son dernier mot et Mr Toyota pointe le bout de son pare-choc. On lui barre la route, seule garantie d'une éventuelle négociation. Son itinéraire n' est pas très clair, mais il ne peut que rejoindre un axe plus important. J'ai confiance. Nous montons à bord. Le plateau du pick-up est un tapis de gasoil. Nous partageons l'espace avec les bidons vides et trois schtroumpfs qui vont à l'école. Au démarrage, j'ai déjà analysé la conduite du chauffeur, notre homme est un pilote. J'ai pas confiance. A la première perte d'adhérence dans un virage, je réalise que notre Sébastien Loeb ne tient pas que le volant entre ses mains. Nos vies s'y trouvent aussi. Grâce à l'air terrifié de mon camarade Rémy et bien que clairement menacé de mort, j'arrive à maintenir un afflux sanguin stable pour consulter mon GPS et vérifier qu'au moins, on meurt sur la bonne route... La bonne étoile du pèlerin...qui disparaît à la vue d'un véhicule... Le supplice se termine quand ce pirate stoppe l'engin au milieu de la chaussée et laisse la place à son collègue passager. Repose toi mon ami, nous nous reposerons. Dur retour à la civilisation. Après, c'est attendre un bus qui passera mais ne s'arrêtera pas. Prendre un grand taxi bondé. Arriver à Marrakech après deux heures de somnolence, tordu dans une étuve. Donner l'accolade réglementaire à son compagnon de chemin qui volera bientôt vers Paris. Se retrouver sonné, devant le Mc Do. Vivement bientôt.
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17avr. 2016

Lma oulla Chta ?

Au matin, il ne reste qu'une bouteille d'eau. Hier, nous avons croisé un relais telecom. Nous ne nous sommes pas arrêtés. J'ai encore confiance. Un " bâtiment remarquable " est noté sur mon road book maison, dans quelques kilomètres. Nous approchons. Un autre relais telecom. Pas d'électricité ici. Pas de panneau solaire en vue. Le poste est donc alimenté grâce à un groupe électrogène, lui-même rempli de carburant par un gardien qui vit là. Le bonhomme n'est pas bavard, il nous dit ne pas avoir d'eau. Impossible. Pas d'être humain sans eau. Il nous faut insister. La tablette de Milka qu'on lui propose en échange ne suffira pas à le faire sourire, encore moins à régler un léger problème de consanguinité. Mais nous avons le précieux liquide, carburant du marcheur sous le soleil. Maintenant nous devons avancer. L'avion qui ramènera Rémy en France n'attendra pas. Il décollera demain de Marrakech à 19h. Nous sommes à 40km de Lalla Aziza, le village synonyme de la fin de cette promenade. Il nous reste un peu plus de 24h pour l'atteindre. Nous passons côté Nord à 2650m d'altitude. le changement est radical. L'eau coule en abondance. Les bords de la rivière sont même spongieux. Et le plaisir simple de pouvoir s'abreuver sans limite... Changement d'aiguillage pour la fin d'après midi. La piste, on connaît. Essayons donc ce chemin muletier qui semble enchanteur.Très vite, c'est un régal. Vertigineux. Et bien que la pente s'approche des 50%, l' homme s'est installé ici, apprivoisant l'extrême verticalité des lieux. Seule l'eau semble être LA condition à la vie. Une centaine de maisons faites de pierres et de terre. Peut être un millier de personnes accrochés à la montagne à la limite de l' apesanteur...
Le petit air frais qui nous sèche alors les tempes annonce un changement, nous allons repasser côté ubac. Et là, surprise sonore et visuelle : le ballet des bulldozers qui grignotent les cailloux pour faire naître une piste. Evidemment, nous passons vite notre chemin mais l'ambiance "ubac" reste de mise. il y a du vent et les nuages enlacent les sommets. Lalla Aziza est en vue et c'est au bout de 35km que notre "plateau à bivouac" nous est offert. Les tendons sifflent, il était temps.
Encore un repas de rois. Quelques gouttes de pluie sèche pour animer la soirée. Comme à l'accoutumée une sacrée soirée. La dernière soirée.
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16avr. 2016

To summit

Aujourd'hui, on monte. Demain, on descend. Après demain, on rentre. Voilà ce qui nous attend. Simple à comprendre. Pas si facile à faire. Nous abandonnons vite l'idée de suivre, comme prévu, la piste. Nous préférons la crête. Pas de véhicule. L'air y sera plus frais. Et même si le chemin est hasardeux. Au bout d'à peine trente minutes, nous trouvons une ancienne piste qui longe également la montagne et remonte la vallée. A l'ombre puisqu'orientée au Nord. Une bénédiction quand il fait déjà 25°C et qu'on traîne 17kg. Mais c'est bientôt fini et nous devons partager un carré d'ombre pour la pause méridienne, à 2400m au dessus du niveau de la mer. Un palier gastronomique a été franchi avec l'arrivée de mon bel-ami. Saucisson, pâté au piment d'Espelette, tome de chèvre, compote de fruits. Rien ne manque. Je me pose par contre la question de l'eau. L'air est sec. Le sol est sec. Et dans 24h, à notre tour, nous serons secs. Mais l'excitation que provoque l'idée d'une nuit à plus de 2500m devient vite la plus forte. Ce sera ma nuit la plus haute, ever. C'est rien du tout mais chuis content. Saucisson/Lentilles pour remonter à mes origines ponotes. Coucher de soleil dans les règles de l'art. Suprême plaisir que cette tranche de vie nomade.

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15avr. 2016

Talmakant

Aujourd'hui sera un grand jour. Nous avons rendez vous à Talmakant entre 12h et 14h. Rémy atterrit à Marrakech à 9h. Je partirai à la même heure. Son programme : formalités d'aéroport, deux heures de route, une heure de piste. Le mien : 1000m de dénivelé négatif sans sentier dans les cailloux. Les téléphones cellulaires sont connectés. J'imagine mon pote guider un taxi au gps sur une piste qu'il ne connait pas, ménager la susceptibilité d'un chauffeur qui ne sait pas où il va. Le début de ma descente sera un plaisir éphémère. La suite : glissades, cailloux tranchants, chaleur, plantes qui piquent... Cinq kilomètres en trois heures. "Lentement" car dans l'obligation de faire "sûrement". Et me voilà sous un arganier à 12h20, au bord de la piste, à quelques centaines de mètres du village. L'aventurier clermontois arrivera 50mn plus tard. Nous voilà réunis. Au nom de la sainte allure fondamentale.
Mais d'abord réunis autour d'un tajine comme le petit lutin Reda me l'avais promis. Annoncé comme "tajine de frites", argument marketing choc destiné à séduire l'européen américanisé, c'est en fait un tajine de chèvre qui se présente et qui nous régale. Du thé, un soda américain au cola, nous voilà prêts à continuer le chemin... Deux heures de petits pas sous un soleil toujours aussi écrasant. L'épiderme de Rémy s'en voit directement et violemment ambiancé. Un petit plat repéré la veille du haut de ma montagne fera un beau bivouac. Pour fêter ça, la surprise tirée du sac de mon compère : une simple bière, mais ici, un élixir...

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14avr. 2016

Globules rouges

L'excès de zèle du petit bonhomme de la veille a pour effet de me faire partir tôt. Il est 7h20. Je suis en route. Journée tranquille cette fois. Suivre la crête, paisiblement. Au sommet, l'eau de l'oued est canalisée. J'y trempe les pieds deux fois. La première pendant huit secondes, la deuxième quatre. A 2500m d'altitude, l'eau est glaciale. Je remplis mes bidons. Puis longue pause méridienne. Demain j'ai rendez-vous avec Rémy sur la piste qui mène à Talmakant. D'en haut, je vois le village. Reda m'a hier assuré que je pourrai y trouver un bon tajine. Il n'y a plus de sentier, je navigue à vue et commence la descente. 500m plus bas, une plate-forme naturelle qui m'accueillera pour la nuit. Je passe trois longues heures à ausculter la montagne d'en face qui sera le terrain de jeu du lendemain. Un berger redescend son troupeau dans la vallée. Nous échangeons quelques mots, mais nos sourires respectifs sont bien plus significatifs. L'usage du verbe me sera plus utile demain. Et je rêve d'un tajine à quatre mains.

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13avr. 2016

Lutin, papiers

Un troisième jour qui s'annonce pas facile. Itinéraire en partie hors sentier, pas mal de dénivelé. Deux possibilités de ravitaillement aujourd'hui, il faudra ensuite tenir 48h. Le premier épicier me donne de l'eau et m'offre du pain. Le plein est fait, je n'ai rien acheté. Je lui demande quand même Coca et biscuits. C'est maintenant l'heure chaude, je fais le choix d'avancer. Pas vite. Une pause toutes les demi-heures, refroidir les pieds, soulager les épaules. 10 km jusqu'au prochain village, quatre heures de marche.
1800m d'altitude, les maisons sont accrochées à la pente. Chez l'épicier, toujours le même scénario : biscuits et soda pour tout de suite, pain et eau pour plus tard. Toujours pas d'eau à vendre, pas de pain non plus. Le petit moustachu m'assure la haute qualité de l'eau du village et qu'il me donnera du pain maison en passant par chez lui. Vu d'ici, suivre la vallée (mon itinéraire prévu) me semble bien fastidieux. Je me vois déjà longer la crête, plus direct, plus panoramique. Sans doute un chemin de berger existe-t-il jusqu'au sommet. J'aborde la question avec le commerçant. Ni une ni deux, il appelle deux de ses fils : le petit ira remplir mes bouteilles, le grand m'accompagnera dans la montagne, portera les bouteilles et le pain cuit par madame. Un voyage organisé, si on peut dire... Le petit lutin, Reda, m'accompagne donc jusqu'à un promontoire à plus de 2200m d'altitude. J'y dormirai, il y a un peu de bois. Journée difficile, mort de fatigue mais tellement vivant. En m'endormant, j'entends des voix. Deux voix. je reconnais celle de Reda. Un autre bonhomme est au téléphone. Il me dit vouloir voir mon passeport, je lui répond par la même requête, j'aimerais voir le sien. Embarrassé, il tourne autour de la tente. J'ai sommeil et envie d'en finir avec ces formalités d'altitude peu orthodoxes.
Je lui montre mon sésame. Les lutins disparaissent. La Terre est un hôtel. Mais on y montre ses papiers.
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12avr. 2016

Transe

La marche est lancée. Mes habitudes nomades sont très vite revenues. Avancer vers le Nord, prendre le temps. Éviter la surchauffe en s'arrêtant régulièrement. Se déchausser. Filtrer l'eau, s'hydrater. Puis remettre un pied devant l'autre. Marcher seul est une transe. Marcher c'est avancer. Avancer, c'est progresser. On se soucie peu du but tant qu'on progresse. C'est en cela que la marche libère l'esprit qui se laisse au fur et à mesure des kilomètres magiquement féconder par la multiplication des pas. Encore 500m de dénivelé au programme de la journée. Le soleil est un grille-pain, le pain c'est moi, et le pain est blanc. Je troque tshirt contre chemise manches longues. Une chemise sans gluten. C'était limite. Je croise l'instit du village d'Arazen. Jeune. Heureux d'être content. On discute 5mn. Ce sera tout pour la journée. La bonne étoile du pélerin fait apparaître en fin de journée un petit plateau propice au bivouac. Je reconnais un thym sauvage à l'odeur camphrée. A côté, un romarin commence de fleurir. J'ai l'intitulé du menu de ce soir : Soupe chinoise aux herbes sauvages crémée à la Vache qui Rit... Et, comme à mon habitude, neuf heures de sommeil en prévision pour se réveiller tout neuf. La Terre est un hôtel, et je suis en pension complète.

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11avr. 2016

Premiers pas

Le bus s'arrête, il fait nuit, j'ai la tête dans un seau de mousse, je ne comprends rien. Le bus se vide, il a une heure d'avance malgré une demi-heure de retard au départ, j'ai compris. Nous sommes à Taroudant. Gare routière. Pas très glamour. Je choisis l'option fraîcheur avec une promenade dans les rues désertes de cette petite médina. Le jour se lève, les êtres humains l'imitent.

Voilà d'ailleurs un représentant de l' espèce. Il fait partie de la sous-espèce "petit lutin" qui apparaît tout le temps à des moments inattendus. Il s'assoit sur un banc, cinq minutes avec moi. Costard-Crevette. Français approximatif mais ça va. Un peu perché mais ça va. J'ai appris à toujours demander mon chemin aux petits lutins pour peu qu'ils soient gentils. Il m'indique une minuscule station de taxis à la sortie de Bab Talrount. Taxi jusqu'à Oulad Brahim. Puis minibus jusqu'à " Carfour Mnizla " et enfin un éventuel pick-up jusqu'à Mnizla. J'ai toutes les infos et je remercie le petit lutin d'une belle blonde d'origine gauloise. J'arrive deux heures plus tard à Mnizla, tant bien que mal au dos. Si taxi, camionette et pick-up forment la sainte trinité, je ne suis pas un bon chrétien.

Midi, 30°C. Pas la meilleure heure pour partir randonner. Mais il me tarde et c'est parti! Des arganiers, des chèvres, des chèvres dans les arganiers. L'une d'elles fait une chute de cinq mètres, se relève, puis remonte dans l'arbre au bout de cinq minutes. Les moutons sont soit moins agiles, soit moins aventuriers... Le soleil écrase et brûle, les pieds cuisent, les pauses sont délices...L'épicier de Talaint refuse de me vendre ses sachets de Nescafé, sous prétexte de date expirée. Il les remet néanmoins délicatement dans leur boite...

Biscuits et soda pour le goûter, eau du robinet pour la soirée, le plein est fait. Me restent deux heures de marche jusqu'au bivouac et 500 des 4000m de dénivelé de la semaine. Je trouve mon petit paradis pour la nuit : l'ancienne piste, cinquante mètres au dessus de la nouvelle. Plat, discret, pas de détour, vue imprenable, du petit bois. Les ingrédients d'une bonne halte, d'une bonne soirée.

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